yaouled n. m. Garçon de la rue en Afrique du Nord. Gamin déluré, livreur, commissionnaire occasionnel, - main d´œuvre bon marché. Gavroche méridional, jeune voyou maghrébin, cireur de chaussures, poulbot d´Alger. Garçon disponible.
◊ L’éphèbe grec, le yaouled algérien, le ragazzo italien, le muchacho espagnol, comblent de leur grâce
jeune et de leur beauté encore indécise entre les deux sexes la lacune qui sépare
l’enfant de l’homme. - XXVII –
Padoue, p. 331 — Théophile Gautier, Italia, Hachette,
1860.
◊ Tourisme érudit. En 1959, il part en Algérie
pour faire de l'épigraphie latine, écrire son essai sur le suicide chez les
anciens Romains, et rencontrer de charmants yaouleds. Il y retournera à
de nombreuses reprises, séduit par la beauté des lieux.
◊ En se
faisant cirer les chaussures par de petits yaouleds qui avaient un
œillet à l’oreille, il songeait à Achille Essebac.
[1] — Roger Peyrefitte, L’exilé de Capri, 1959.
◊ Quand
l'envie lui en vient Montherlant file quartier Bab-el-Oued. Seuls les yaouleds
peuvent l'arracher à son travail, auprès d'eux il redevient un enfant. Il
oublie alors la tension et la vanité qu'il a toujours mises dans son
activité d'écrivain ― Pierre Sipriot , Montherlant sans masque, 1990.
◊ « À Sidi Bou Saïd,
Foucault était séduit par les jeunes éphèbes.
Des gars de 17 ou 18 ans qu’il retrouvait brièvement dans
les bosquets sous le phare voisin du cimetière. Il vivait sereinement ses
aventures, sans se cacher.
« Sans les rumeurs des petits voyous du village, personne ne s’en
serait douté » - (Jean Daniel).
Je revois les
flots bleus danser à La Goulette
Et les pêcheurs
du jour rassemblés au vieux port,
La ronde des
Yaouleds qui sont toujours en fête
Des larmes dans
mes yeux, le regret est trop fort.
— Ma Tunisie d’amour — (Adrien Cannamela)
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Gautier, Voyage en Espagne. |
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◊ Séville. — Sur une place qui avoisine la puerta de Triana, je vis un spectacle fort singulier. C'était une famille de bohémiens campés en plein air et qui composait un groupe à faire les
délices de Callot.
Auprès de ce foyer improvisé était assise
une gitana au profil busqué, basanée, cuivrée, nue jusqu'à la ceinture, ce qui
prouvait chez elle une absence complète de coquetterie ; ses longs cheveux
noirs tombaient en broussaille sur son dos maigre
et jaune et sur son front couleur de bistre. Autour d'elle se vautraient, en glapissant, trois ou quatre marmots dans l'état le
plus primitif, noirs comme des mulâtres, Je doute que les petits Hottentots
soient plus hideux et plus sales.
Cet état de nudité n'est pas rare et ne
choque personne. On rencontre souvent des mendiants qui n'ont pour vêtement
qu'un lambeau de couverture, un fragment de caleçon très-hasardeux; à Grenade
et à Malaga, j'ai vu vaguer sur les places des gaillards de douze à quatorze ans moins habillés qu'Adam à sa
sortie du paradis terrestre. Le faubourg de Triana est fréquent en rencontres de ce genre, car il contient beaucoup de
gitanos, gens qui ont les opinions les plus avancées en fait
de désinvolture ; les femmes font de la friture en plein
vent, et les hommes s'adonnent à la contrebande, à la tonte des mulets, au
maquignonnage, etc., quand ils ne font pas pis. — p. 127 - Gautier, Voyage en Espagne, 1859.
◊ En vingt ans, Tanger
est devenu le lieu phare vite érigé des
marocoquines. — (Gaston Berger)
◊ « Rien n’est beau comme
l’adolescent de
Damas. Il y a des jeunes gens de 18 à 20 ans qui sont magnifiques…mais à cause
de ma vérole je suis obligé de vivre chastement. »
Le Caire, 15 janvier. -- « C’est aux bains que
cela se pratique. On retient le bain pour soi (5 F. y compris les masseurs et
la pipe) et on enfile son gamin dans une des salles. Tous les garçons de bains
sont bardaches, ce sont ordinairement des garçons assez gentils… » — Flaubert, Lettre à Louis Bouilhet, 1850.
◊ Dédicace. — Aux petits cireurs de Marseille ;
Aux gamins
effrontés de Naples ;
À tous ces jolis visages pleins de soleil, de sourires et de beauté.
Charme les grands beaux yeux, des heures trop brèves passées là-bas, dans
les villes du Sud. [2] — (Achille Essebac)
◊ Je n’eus pas fait vingt
pas que mon châle me parut d’un poids insupportable ; tout en sueur, je
m’assis au premier banc que je trouvai. J’espérais qu’un enfant surviendrait
qui me déchargerait de ce faix. Celui qui vint bientôt, ce fut un grand garçon de quatorze ans, noir comme un
Soudanais, pas timide du tout, qui s’offrit de lui-même. Il se nommait Ashour.
Il m’aurait paru beau s’il n’avait été borgne. Il aimait à causer, m’apprit
d’où venait la rivière, et qu’après le jardin public elle fuyait dans l’oasis
et la traversait en entier. Je l’écoutais, oubliant ma fatigue. Quelque exquis
que me parût Bachir, je le connaissais trop à présent, et j’étais heureux de
changer. Même, je me promis, un autre jour, de descendre tout seul au jardin et
d’attendre, assis sur un banc, le hasard d’une rencontre heureuse…
Après m’être arrêté quelques instants
encore, nous arrivâmes, Ashour et moi, devant ma porte. Je désirais l’inviter à
monter, mais n’osai point, ne sachant ce qu’en aurait dit Marceline. — Gide, L’Immoraliste,
1902.
◊
À Alger, même en hiver, les jeunes gens se dénudent au soleil tous les jours à
midi, tout simplement parce qu’ils sont « bien au soleil ».
On
ne mesurera jamais assez haut l’importance de cette coutume pour notre époque. En
exposant des corps nus sur les plages, elle a le mérite, par-dessus vingt
siècles d´histoire, de rejoindre les athlètes de Délos et de renouer avec
l´admirable tradition des Grecs de l´antiquité, dont l´insolence naïve imitait,
en toute simplicité, celle de la nature. — Albert Camus, Noces,
(1936-37) suivi de L‘été (1939-53), éd. 1959.
◊ « Gavroche méditerranéen, le yaouled est aussi
commissionnaire (y compris dans les bordels), crieur de journaux, masseur de
hammam, porteur de paniers, vendeur de cigarettes ou de chewing-gums, guide ou
objet sexuel pour étrangers et locaux ; et peut devenir, une fois
l’enfance passée, un proxénète d’autant plus aguerri aux lois du milieu qu’il a
parfois grandi avec elles. » - Lucienne Favre, 1937. Cité par Christelle Taraud, 2008.
<> L’amour en Orient.
Les mœurs sotadiques décrites par Richard F. Burton ne sont pas exceptionnelles, comme il ne le prétendait, par prudence peut-être, en 1885.
◊ Douceur levantine. — Pour
les hommes en pays d’Orient, le désir est de sexe indéfini, et son objet
peut aussi bien être une femme ou un garçon. Aimer un garçon, c´est traditionnel,
c´est normal pour un Arabe, comme pour un Grec, un Romain, un Turc
ou un Sicilien. Le tabou paulinien a créé, chez l’homme occidental, - chez
les Anglais et les Corses, une inhibition qui n’est nullement universelle. — (Marc
Daniel)
« Que des Français vivent un certain
temps avec des Arabes, ce ne sont pas les Arabes qui deviendront Français, ce
sont les Français qui deviendront Arabes. » — (Édouard Laboulaye)
Notes
↑1- Achille Essebac : Achille Bécasse, dit Achille Essebac (1868-1936), romancier. Dédé, 1901 ; Luc, 1902.
↑2- Partenza…vers la Beauté,
1898.
Références
↑Camus Gide Flaubert Gautier
<> 31/01/2024
Dieu se rit des hommes qui regardent la
télé.