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vendredi 24 novembre 2023

Galiani - Pensées

Pensées de l´Abbé Galiani, tirées de ses Lettres à Mme d´Épinay.

Les Bêtes.

 Sur l’article des bêtes, je crois que l’on commence par tenir pour sûr ce qui est très douteux. Nous croyons que tout ce que les bêtes savent est donné par instinct et non pas passé par tradition. A-t-on des naturalistes bien exacts qui nous disent que les chats, il y a trois mille ans, prenaient les souris, préservaient leurs petits, connaissaient la vertu médicinale de quelques herbes, ou, pour mieux dire, de l’herbe, comme ils font à présent ?

Si on n’en sait tien, pourquoi prend-on pour sûr ce qui est en question, et fait-on des raisonnements à perte de vue sur un fait faux ou douteux ?

Mes recherches sur les mœurs des chattes m’ont donné des soupçons très-forts qu’elles sont perfectibles, mais au bout d’une longue traînée de siècles. Je crois que tout ce que les chats savent est l’ouvrage de quarante à cinquante raille ans. Nous n’avons que quelques siècles d’histoire naturelle ; ainsi le changement qu’ils auront subi dans ce temps est imperceptible.

Les hommes aussi ont mis un temps immense à leur perfectibilité : car les peuples de la Californie et de la Nouvelle-Hollande, qui sont anciens de trois ou quatre mille ans, sont encore de vraies brutes. La perfectibilité a commencé à faire de grands progrès en Asie, à ce qu’on dit, il y a plus de douze mille ans, et Dieu sait combien de temps avant on n’avait fait que de vains efforts.

Si une race asiatique n’avait pas passé en Europe et en Afrique, et si d’Europe elle n’eût passé en Amérique, d’où elle a fait le tour du globe, l'homme ne serait que le plus espiègle, le plus malin et le plus adroit des singes. Ainsi la perfectibilité n’est pas un don de l’homme en entier, mais de la seule race blanche et barbue. Par alliance, la race basanée et barbue, la race basanée non barbue et la race noire ont gagné quelque chose.

Tout ce qu’on dit des climats est une bêtise, un non causa pro causa, erreur la plus commune de la logique. Tout tient aux races ; la première, la plus noble des races vient naturellement au nord de l’Asie. Les Russes y tiennent de plus près, et c’est pour cela qu’ils ont fait plus de progrès en cinquante ans qu’on n’en fera faire aux Portugais en cinq cents.

 Le Corps et l'Âme.

 Il est bien vrai que l’âme est quelque chose de différent du corps ; mais c’est comme la crème diffère du lait, la mousse du chocolat, l’eau-de-vie du vin. L’essence du corps devient esprit.

 Les Fanatiques.

 Voici pourquoi tous les fanatiques aiment le mariage-concubinage, témoin l’abbé de Saint-Pierre, Luther, Descartes, Rousseau ; pourquoi tous les grands caractères aiment le libertinage, témoin César, Auguste, Laurent de Médicis, Henri IV, etc.

Le fanatique est heureux lorsqu’il est fixé à ses idées, il n’aime pas à s’en détourner : rien ne tranquillise tant qu’une gouvernante.

Les grands hommes aiment le tumulte des idées et ils ne s’en délassent qu’en entrant dans un autre tourbillon encore plus violent. La galanterie est de toutes les tempêtes la plus orageuse ; elle fait leur délassement.

 La galanterie est la pierre-ponce qui polit les nations.

 Les Livres.

 Un livre qui n’est pas lu est un livre qui n’est pas fait, et un livre qui n’est pas fait ne doit pas être persécuté.

 La Mort de Marie-Thérèse.

 Savez-vous à quoi je compare cette mort de Marie-Thérèse ? À un encrier qu’on a renversé sur la carte géographique de l’Europe.

Gênes, Rome, Naples et Paris.

J’ai rencontré partout à Gênes, à Rome, ici, des vols, des assassinats, des rues obscures, des mendiants, de la boue et des maisons qui s’écroulent sur les têtes des passants, pendant qu’on marche à Paris à la clarté des lanternes, la tête haute, les souliers propres, l’or en main en ne rencontrant que des offres de multiplier l’espèce humaine, au lieu des menées et des appareils pour la détruire.

Les Philosophes.

Voltaire a tort de dire : Aimez- vous, mes enfants. Ceci ne doit se dire qu'à des sectaires. Il faut dire cela aux économistes, aux jansénistes ; ils ont besoin de s'aimer, et la boîte à Perrette est le pivot de toutes les sectes. Les philosophes ne sont point faits pour s'entr'aimer. Les aigles ne volent point en compagnie ; il faut laisser cela aux perdrix, aux étourneaux. Voltaire n'a point aimé, et il n'est aimé de personne ; il est craint, et il a sa griffe, c'est assez. Planer au- dessus des autres et avoir des griffes, voilà le lot des grands génies. [1]

Note
­1- Boîte à Perrette, Caisse noire des Jansénistes.
Références
↑ Source : Ferdinando Galiani, Contes, Lettres et Pensées de l’abbé Galiani, éd. Paul Ristelhuber, 1866.

<> 25/11/2023

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