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vendredi 13 octobre 2023

Alcibiade

ALCIBIADE, général, orateur et homme d'État grec, né à Athènes vers 450 av. J.-C, de la famille illustre des Alcméonides, mort en Bithynie en 404.

— Histoire. Orphelin de bonne heure, Alcibiade fut élevé par son oncle Périclès, et montra dès sa jeunesse la nature impérieuse, héroïque et folle de son esprit.

Les leçons de Socrate même ne purent exercer sur lui une influence suffisante pour lui permettre de refréner ses passions ; aussi prévit-on dès lors le mal qu'il ferait à sa patrie, une fois pourvu de l'influence et de l'autorité.

Jeune encore, il se distingua dans divers combats, notamment à Potidée où Socrate lui sauva la vie, et à Délium, où lui-même protégea la retraite du philosophe. Mais, de retour à Athènes, il menait une vie corrompue et efféminée, passant les jours et les nuits en banquets avec des courtisanes, et troublant la cité de ses scandales et de ses bruyantes orgies. La vanité tenait aussi une grande place dans sa vie. Toute la Grèce parlait de son luxe, de ses prodigalités, de ses folies; et lui-même prenait soin d'occuper sans cesse les frivoles Athéniens de ses moindres actions. On connaît l'histoire de ce chien magnifique qui lui avait coûté plus de 7.000 drachmes, auquel il coupa la queue quand toute la ville l´eut admiré, afin qu'on en parlât encore.

Il entra dans les affaires publiques vers 420, et se trouva des lors en rivalité d'influence avec Nicias, qui avait fait conclure une trêve avec les Lacédémoniens. Alcibiade fit rompre cette trêve, reçut le commandement de quelques expéditions sur les côtes du Péloponnèse et réussit enfin (410) à entraîner ses concitoyens dans cette désastreuse guerre de Sicile, qui fut le point de départ et l'une des causes des malheurs d'Athènes. Chargé du commandement de la flotte avec Nicias et Lamachus, il allait mettre à la voile, quand il fut accusé d'avoir, dans une nuit de débauche, mutilé les hermès ou images de Mercure dressées dans les lieux publics, et d'avoir tourné en dérision les redoutables mystères d’Éleusis. Il partit sous le poids de cette accusation. À peine avait-il louché les rivages de la Sicile où quelques succès brillants semblèrent justifier son audace, qu'on envoya d'Athènes la galère sacrée pour le ramener dans la cité : un décret de mort l'y attendait. En passant à Thurium, il s'enfuit, et, quand il apprit que les Athéniens l'avaient condamné : « Je leur ferai bien voir, s'écria-t-il, que je suis encore vivant! »

Puis il alla offrir ses services aux Spartiates, qu'il étonna par sa frugalité.

Ce souple génie attirait partout les regards et se rendait les peuples favorables en s'assimilant leurs qualités et leurs vices. Il engagea les Lacédémoniens à ravager l'Attique, et souleva contre les Athéniens l'île de Chio et la plupart des villes de l'Ionie. Mais la jalousie d'Agis, dont il avait séduit la femme, et l'envie que ses victoires inspirèrent aux généraux Spartiates, le contraignirent à chercher un refuge auprès de Tissapherne, satrape du roi de Perse, auquel il inspira cette politique d'épuiser les Grecs en favorisant alternativement les deux partis et en s'opposant au triomphe définitif soit d' Athènes, soit de Sparte. Il négocia en même temps son retour à Athènes, qu'il agitait de ses intrigues, et où le peuple lui fit un accueil enthousiaste. Nommé généralissime des troupes athéniennes, il gagna sur les Spartiates les batailles navales d'Abydos (411) et de Cyzique (410), rentra triomphant à Athènes (407), mais fut de nouveau exilé après la défaite de son lieutenant Antiochus par Lysandre. Il rassembla alors des mercenaires et alla, en aventurier, faire la guerre pour son propre compte en Thrace. Après le désastre d'Ægos-Potamos, craignant la puissance de Sparte, il se retira auprès du satrape Pharnabaze, en Bithynie, et parut dès lors touché des malheurs de sa patrie et disposé à la servir.

Les Lacédémoniens, ne croyant point avoir abattu Athènes tant qu'Alcibiade serait vivant, négocièrent sa mort auprès du satrape, qui le fit tuer à coups de flèches dans les bras d'une courtisane, au milieu des flammes de sa maison incendiée (404 av. J.-C). Plutarque a écrit sa Vie, et deux dialogues de Platon portent son nom.

—LITTÉR. Le nom d'Alcibiade, dans la langue littéraire courante, sert à désigner un homme dont le caractère offre en contraste de grands vices unis à de brillantes qualités, et qui, avec la plus grande souplesse, se plie aux circonstances.

— Bibliogr. : Hertzberg, Alcibiade der Staatmann und Feldherr (Halle, 1854); Henri Houssaye, Histoire d'Alcibiade (Paris, 1875). Alcibiade. Nouveau Larousse illustré, 1898.

<> Portrait d´Alcibiade. (Plutarque)

Peut-être devrais-je m'abstenir de parler de sa beauté, ou me contenter de dire qu'en ayant conservé tout l'éclat dans son enfance, dans sa jeunesse et dans l'âge viril, i1 fut aimable à toutes les périodes de sa vie; car il n'est pas vrai, quoi qu'en dise Euripide, que tous les hommes beaux le soient encore dans leur automne. Cet avantage peu commun, Alcibiade le dut aux belles proportions de son corps et à son heureuse constitution. On dit qu'il grasseyait un peu en parlant, et que ce défaut, qui chez lui était un agrément, donnait à ses discours une sorte de grâce naturelle et entraînante.

Quant à ses mœurs, elles furent souvent inégales, et éprouvèrent de fréquentes variations; suite naturelle des grandes circonstances où il se trouva, et des vicissitudes de sa fortune. De cette foule de passions vives et ardentes auxquelles il était sujet, celle qui domina le plus en lui fut une ambition démesurée, un amour de la supériorité qui s'annonça dès l'enfance, comme le prouvent les traits qu'on en rapporte.

Alcibiade menait la vie la plus voluptueuse, et affectait le plus grand luxe: il passait les journées entières dans la débauche et dans les plaisirs les plus criminels; il s'habillait d'une manière efféminée, paraissait dans la place publique traînant de longs manteaux de pourpre, et se livrait aux plus folles dépenses. Quand il était sur mer, afin de coucher plus mollement, il faisait percer le plancher de son vaisseau, et suspendait son lit sur des sangles, au lieu de le poser sur des planches; à l'armée, il avait un bouclier doré, où l'on ne voyait aucun des symboles que les Athéniens y mettaient ordinairement, mais un Amour qui portait la foudre. Plutarque, Vie d’Alcibiade, trad. Ricard, 1862.

<> L´éphèbe et l´hoplite : Alcibiade courtise Socrate   (Platon)

  « J’étais extraordinairement fier  de ma  beauté. Je  croyais qu’il  était  sérieusement épris de  la fleur de ma  jeunesse, je m’étais mis dans  l’idée  qu’il me  serait possible,  en  accordant mes faveurs  à  Socrate,  d’apprendre  de  lui  tout  ce  qu’il savait.

Je  l’invitai  à partager mes exercices  physiques  et  je m’entraînai  avec  lui  pensant que  j’arriverais ainsi à quelque chose. Il partageait donc  avec  moi  les  exercices  physiques  et  souvent  il luttait  avec moi,  sans  témoin.

Un soir, je  renvoyai  le serviteur et me trouvai tout seul  avec  lui. Je pense, lui dis-je, que tu  es un amant digne de moi, le  seul qui  le soit,  et  je vois bien que  tu hésites  à m’en parler. » Platon, Le Banquet, trad. Luc Brisson, 2007.

<> Mort chez une femme.

XLVIII. Alcibiade vivait alors dans un bourg de Phrygie avec Timandre sa concubine.

Ceux qu'on avait envoyés pour le tuer n'osèrent pas entrer; ils environnèrent la maison et y mirent le feu. Alcibiade ne s'en fut pas plus tôt aperçu, que, ramassant tout ce qu'il put de hardes et de tapisseries, il les jeta dans le feu; et, s'entourant le bras gauche de son manteau, il s'élança l'épée à la main à travers les flammes, et en sortit sans aucun mal, parce que le feu n'avait pas encore consumé les hardes qu'il y avait jetées. À sa vue tous les Barbares s'écartèrent; aucun d'eux n'osa ni l'attendre, ni en venir aux mains avec lui; ils l'accablèrent de loin sous une grêle de flèches et de traits, et le laissèrent mort sur la place. Quand les Barbares se furent retirés, Timandre enleva son corps, et, l'ayant enveloppé de ses plus belles robes, elle lui fit des funérailles aussi magnifiques que son état le lui permettait.

Quelques historiens, en convenant de ce que je viens de rapporter sur la mort d'Alcibiade, prétendent que, ni Pharnabaze, ni Lysandre, ni les Lacédémoniens, n'y eurent part, et qu’Alcibiade lui-même en fut seul la cause. Il avait séduit une jeune femme d'une maison noble du pays, avec laquelle il vivait; les frères de cette femme, n'ayant pu supporter cette injure, mirent pendant la nuit le feu à la maison dans laquelle il était, et le tuèrent lorsqu'il se fut élancé, comme je l'ai déjà dit, à travers les flammes. — Plutarque, ibid.

<> La Beauté même.  (Hölderlin)

Sokrates und Alcibiades

»Warum huldigest du, heiliger Sokrates,
Diesem Jünglinge stets? kennest du Größers nicht?
Warum siehet mit Liebe,
Wie auf Götter, dein Aug auf ihn?«
 
Wer das Tiefste gedacht, liebt das Lebendigste,
Hohe Jugend versteht, wer in die Welt geblickt,
Und es neigen die Weisen
Oft am Ende zu Schönem sich. 

Pourquoi donc, divin Socrate, rends-tu hommage à ce beau garçon ?
Ne connais-tu rien de plus grand ?
Pourquoi tes yeux  le vénèrent-ils d´un amour réservé aux dieux ?
 
 ― Qui a sondé les profondeurs aime la vie resplendissante ;
Qui a scruté le monde comprend hautement la Jeunesse ;
Et les Sages finissent par révérer la Beauté.

  Quelle: Friedrich Hölderlin: Sämtliche Werke. 6 Bände, Band 1, Stuttgart 1946, S. 256.

 Références 

↑ Encyclopédie_universelle fr-academic Alcibiade

 ↑ Hölderlin Platon Plutarque

<> 29/04/2024

dimanche 24 septembre 2023

Montaigne I, 28 – De l´amitié – L´amour grec

 

 

La licence grecque est justement abhorrée par nos mœurs.

 L´amour grec d´après Montaigne.

De l’amitié  Essais, I, 28 – Rétrotraduction d´après Bode (1797).

Disons-le tout de suite, Montaigne n´était pas pédé. — (Laurent Ruquier)

 Montaigne insiste sur la liberté et l’égalité nécessaires à l’amitié. Il rejette clairement la pédérastie antique, pour faire l’éloge de l’étroite amitié virile.

Il condamne l’usage grec bien connu, les mœurs sotadiques des Doriens, au motif que l’amitié entre un homme et un garçon n’est pas plus possible que l’amitié des femmes ; La disparité est trop grande entre les ganymèdes et leurs amants barbus, — aussi insurmontable que le fossé qui sépare le mâle de la femelle, fût-elle « de bonne maison ». Seule l’amitié étroite qui lie deux hommes faits est réalisable et digne d’intérêt. [1]

­1- sotadique : « zone sotadique »   Région chaude  où fleurit la pédérastie. D´après le voyageur et écrivain britannique Richard F. Burton, traducteur des Mille et Une Nuits (1885).

éd. Céard, p. 288

De l’amitié, 1595.

Traduction, 2021.

Traduction allemande : Die Freundschaft. I, 27

 

Üb.  J.J.C. Bode, 1799.

Rétrotraduction

Und jene unnatürlichen Liebschaften bei den Griechen sind uns nach unseren Sitten mit Recht ein Greuel   | Gräuel  ; welche bei alledem auch nach ihrem Gebrauch notwendig einen so großen Unterschied an Jahren und an Obliegenheiten unter den Liebenden erheischten, daß sie auch nicht der vollkommenen Einigkeit und Übereinstimmung der Seelen fähig sind, welche wir hier verlangen.

 

Les amours contre-nature en usage chez les Grecs nous sont à juste titre en horreur. Elles posaient comme condition obligatoire une telle différence d’âge et de  devoirs entre les amants, qu’elles ne peuvent réaliser l’unité et l’accord des âmes que nous exigeons ici, dans le propos qui est le nôtre.

 

Quis est enim iste amor amicitiae? Cur neque deformem adolescentem quisquam amat, neque formosum senem ?

Was ist's denn eigentlich mit dieser Freundschaftsliebe? Warum verfällt sie nicht auf häßliche Jünglinge, nicht auf schöne Greise? ─ Cicero, Tusc. disp. IV,34.

Quis est enim iste amor amicitiae? Cur neque deformem adolescentem quisquam amat, neque formosum senem ?

Qu’est-ce au juste que cet amour d’amitié ? Pourquoi ne concerne-t-il jamais un jeune homme moche, ou un beau croulant ? — Cicéron, Tusculanes, IV, 34.

Denn das Gemälde, welches die Akademie des Altertums davon macht, widerspricht mir nach meiner Meinung nicht in dem, was ich ihr nachspreche:

daß diese erste Begierde nämlich, welche der Sohn der Venus dem Herzen des Liebhabers nach der Blume der zarten Jugend des geliebten Gegenstandes einflößte, welcher sie alle die ungezähmten und leidenschaftlichen Anfälle einräumt, die eine zügellose Begierde erregen kann,

sich bloß auf eine äußere Schönheit gründete, auf das falsche Bild der körperlichen Fortpflanzung.

 

Denn auf den Geist konnte sie sich nicht gründen, dessen Anschein selbst noch verborgen war; der erst noch im Keime lag und noch nicht gekeimt hatte:

L’image flatteuse que l’Ancienne Académie donne de cet amour  particulier ne contredit pas mon propos.

 

Le désir que le fils de Vénus fait naître dans le cœur de l’amant à la vue de la jeunesse qui resplendit chez l’aimé dans toute sa fleur, — la passion que  <les Platoniciens> cautionnent, dans tous ses excès et avec ses accès furieux, tels que les provoque l’absence de frein,

 

ce désir-là repose sur l’illusion fantasmatique de la génération naturelle [telle qu’elle advient entre un homme et une femme].

 

Il ne pouvait s’agir d’aimer les dispositions morales du garçon, car (à cet âge) elles  étaient encore forcément à l’état embryonnaire.

 

daß, wenn sich diese Gier eines schlechten Menschen bemeisterte, seine Mittel zu siegen, Reichtümer waren und Geschenke, Fürsprache zu dem Behuf, Ehrenämter zu erlangen und andere dergleichen niedrige Waren, welche die Akademiker tadeln.

Quand le désir de gagner un beau garçon s’emparait d’un être médiocre, les moyens de séduction consistaient en riches présents, à faire miroiter des honneurs et une position en vue,  — tous avantages palpables que les Platoniciens rejettent comme méprisables.

 

 

Befiel solche einen Mann von edleren Gesinnungen, so waren auch die Anlockungsmittel von edlerer Art.

Bald waren es Unterricht in der Philosophie, bald Anweisung in der Verehrung der Religion, im Gehorsam gegen die Gesetze, für das Vaterland zu sterben, Beispiele der Tapferkeit, der Klugheit, der Gerechtigkeit.

Im Bestreben des Liebhabers, sich durch Anmut und Schönheit seines Geistes angenehm zu machen, weil sein Körper bereits erbleicht war, und in der Hoffnung, daß diese geistige Verbindung ein festeres und dauerhafteres Bündnis befestigen würde.

En revanche, quand la passion s’emparait d’une âme noble, les appâts pour attirer le garçon étaient d’excellente nature.

Tantôt, c’était des cours de philosophie, tantôt

le respect de la religion, des lois, l’amour de la patrie plus fort que la vie-même, les exemples de bravoure, d’intelligence et de justice.

 

L’amant s’efforçait de se rendre agréable par la beauté et l’agrément de son esprit, parce que sa beauté physique était sur son déclin. Il espérait que son tutorat et ses qualités morales lui attacheraient de façon ferme et durable le garçon convoité.

 

Achille et Patrocle, aka Michalak et Poitrenaud.
 

 

Wann diese Absicht zur rechten Zeit erreicht ward (denn das, was sie beim Liebenden nicht forderten, daß er nämlich in seiner Unternehmung nichts übereile und Klugheit anwende, das verlangten sie unumgänglich von dem Geliebten, um so mehr, da er über eine innerliche Schönheit urteilen mußte, welches keine leichte Kenntnis ist und eine abstrakte Entdeckung erfordert), so erzeugte sich in dem Geliebten ein Verlangen nach einer geistigen Empfängnis vermittelst einer geistigen Schönheit.

Alors qu’ils n’exigeaient pas de l’amant qu’il  apportât patience et réserve subtile dans son entreprise de séduction, ils demandaient exactement le contraire à l’aimé ; d’autant plus que le garçon devait pressentir en l’homme qui le courtisait une beauté intérieure, — ce qui n’est pas évident, et réclame de la perspicacité.

Quand cette poursuite aboutissait au moment opportun, alors naissait dans le cœur de l’aimé « le désir d’une  conception spirituelle par l’entremise d’une spirituelle beauté. »

 

Tandis que l´amant est avant tout séduit par l´éclat de la beauté physique de l´adolescent, ce dernier doit montrer une excellence morale, des qualités intérieures profondes qui le conduisent à préférer l´amant vertueux au vil libertin.

Diese letzte war hierbei das vornehmste. Die körperliche war nur zufällig und stand der ersten nach. Ganz umgekehrt verhielt es sich mit dem Liebenden.

C´est cette dernière qui était prisée ; La beauté physique n’étant qu’accessoire et passait après la beauté de l’âme. C’est tout le contraire qui se passait dans le cas de l’amant.

Aus dieser Ursach ziehen sie den Geliebten vor und beweisen, daß auch die Götter ihn vorziehen, und tadeln den Dichter Aeschylus  gar weidlich, daß er in der Liebe zwischen Achilles  und Patroklus  dem Achilles die Rolle des Liebenden gegeben, der in der ersten bartlosen Blüte seiner Jünglingsjahre und der Schönste unter den Griechen war.

C’est pourquoi les philosophes préfèrent l’aimé à l’amant, comme les dieux d’ailleurs, à ce qu’ils disent.

Aussi blâment-ils vertement Eschyle  d’avoir présenté Achille comme l’amant dans sa relation avec Patrocle, alors qu’il n’était qu’au début de l’adolescence, — sans barbe, dans l’éclat de la première jeunesse qui faisait de lui le plus beau des Grecs.


 

daß, wenn sich diese Gier eines schlechten Menschen bemeisterte, seine Mittel zu siegen, Reichtümer waren und Geschenke, Fürsprache zu dem Behuf, Ehrenämter zu erlangen und andere dergleichen niedrige Waren, welche die Akademiker tadeln.

 

 

Befiel solche einen Mann von edleren Gesinnungen, so waren auch die Anlockungsmittel von edlerer Art.

Bald waren es Unterricht in der Philosophie, bald Anweisung in der Verehrung der Religion, im Gehorsam gegen die Gesetze, für das Vaterland zu sterben, Beispiele der Tapferkeit, der Klugheit, der Gerechtigkeit.

Im Bestreben des Liebhabers, sich durch Anmut und Schönheit seines Geistes angenehm zu machen, weil sein Körper bereits erbleicht war, und in der Hoffnung, daß diese geistige Verbindung ein festeres und dauerhafteres Bündnis befestigen würde.

 

 

Wann diese Absicht zur rechten Zeit erreicht ward (denn das, was sie beim Liebenden nicht forderten, daß er nämlich in seiner Unternehmung nichts übereile und Klugheit anwende, das verlangten sie unumgänglich von dem Geliebten, um so mehr, da er über eine innerliche Schönheit urteilen mußte, welches keine leichte Kenntnis ist und eine abstrakte Entdeckung erfordert), so erzeugte sich in dem Geliebten ein Verlangen nach einer geistigen Empfängnis vermittelst einer geistigen Schönheit.

 

 

 

 

Diese letzte war hierbei das vornehmste. Die körperliche war nur zufällig und stand der ersten nach. Ganz umgekehrt verhielt es sich mit dem Liebenden.

 

Aus dieser Ursach ziehen sie den Geliebten vor und beweisen, daß auch die Götter ihn vorziehen, und tadeln den Dichter Aeschylus gar weidlich, daß er in der Liebe zwischen Achilles  und Patroklus dem Achilles die Rolle des Liebenden gegeben, der in der ersten bartlosen Blüte seiner Jünglingsjahre und der Schönste unter den Griechen war.

Quand le désir de gagner un beau garçon s’emparait d’un être médiocre, les moyens de séduction consistaient en riches présents, en promesses de promotion sociale ; l’amant faisait miroiter des honneurs, toutes sortes d’avantages tangibles que les Platoniciens rejettent comme méprisables.

 

En revanche, quand la passion s’emparait d’une âme noble, les appâts pour attirer le garçon étaient d’excellente nature.

Tantôt, c’était des cours de philosophie, tantôt

le respect de la religion, des lois, l’amour de la patrie plus fort que la vie-même, les exemples de bravoure, d’intelligence et de justice.

 

L’amant s’efforçait de se rendre agréable par la beauté et l’agrément de son esprit, parce que sa beauté physique était sur son déclin. Il espérait que son tutorat et ses qualités morales lui attacheraient de façon ferme et durable le garçon convoité.

 

 

Alors qu’ils n’exigeaient pas de l’amant qu’il  apportât patience et réserve subtile dans son entreprise de séduction, ils demandaient exactement le contraire à l’aimé ; d’autant plus que le garçon devait pressentir en l’homme qui le courtisait une beauté intérieure, — ce qui n’est pas évident, et réclame de la perspicacité.

Quand cette poursuite aboutissait au moment opportun, alors naissait dans le cœur de l’aimé « le désir d’une  conception spirituelle par l’entremise d’une spirituelle beauté. »

Cette dernière était la plus prisée. La beauté physique n’était qu’accessoire et passait après la beauté de l’âme. C’est tout le contraire qui se passait dans le cas de l’amant.

 

C’est pourquoi les philosophes préfèrent l’aimé à l’amant, comme les dieux d’ailleurs, à ce qu’ils disent.

Aussi blâment-ils vertement Eschyle  d’avoir présenté Achille comme l’amant dans sa relation avec Patrocle, alors qu’il n’était qu’au début de l’adolescence, — sans barbe, dans l’éclat de la première jeunesse qui faisait de lui le plus beau des Grecs.

 

 

 

 

Nächst dieser allgemeinen Übereinkunft, wobei der Geliebte und würdigste Teil seine Obliegenheit übte und der herrschende war, sagten sie auch, daß daraus viel nützliche Früchte fürs häusliche und fürs gemeine Wesen erwüchsen.

Es sei die Kraft des Staates, dieser habe den besten Nutzen davon. Es sei der beste Schild der Billigkeit und Freiheit, wie die heilsame Liebschaft zwischen Harmodius und Aristogiton  bezeugen soll.

­Gleichwohl [sic] nennen sie solche heilig und göttlich und stehe ihr nichts im Wege nach ihrer Meinung, weder die Gewalt der Tyrannen noch die Feigheit des Volkes.  

Gleichvoll, « Pourtant »   = c´est pourquoi…, On comprend bien que…. 

 

Kurz, alles was man der akademischen Schule zugunsten einräumen kann, ist, wenn man sagt: Es war eine Liebe, die sich in Freundschaft auflöste. Wie sich denn das nicht übel mit der stoischen Definition von der Liebe verträgt:

Amorem conatum esse amicitiae faciendae ex pulchritudinis specie. - Cicéron, Tusculanes, IV, 34, 74  

Les Platoniciens ajoutent que les particuliers aussi bien que l´État tiraient un avantage du rôle suzerain de l´aimé, et de la prééminence de la partie noble de l´amour sur la sensualité.

 

Cette relation privilégiée entre hommes renforçait l´État ; elle contribuait à sauvegarder l´équité entre les citoyens et à défendre la liberté. Le geste salutaire qui a rendu célèbre l´amour d´Harmodius et d´Aristogiton en apporte la preuve.

Toujours est-il qu´ils attribuent à l´amour mâle un caractère sacré et divin, car ni les tyrans, ni la lâcheté du peuple ne peuvent briser son essor.

Bref, pour aller dans le sens de la thèse platonicienne, on peut avancer que l´amour se perfectionnait en amitié.

Ce qui colle pratiquement avec la définition que les Stoïciens donnent de l´amour : L´amour est un effort pour construire une amitié à partir de la vue de la beauté.

 

 

                                                                 

Diptyque Parce que c´était lui, parce que c´´etait moi...
                       


> Voir Platon, Banquet 180 a-b Discours de Pausanias, pour qui Homère ne radote pas vraiment ; l´idée est plutôt que les dieux donnent la préférence à l´amour véritable, désintéressé, « spirituel ».

<> L´amour platonique n´est pas envisageable entre une femme et un homme.

 < En amour, il ne faut pas> dédaigner de mettre en considération l'intérêt que les sens y ont. Tout y sert : Mais je puis dire avoir vu souvent, que nous avons excusé la faiblesse de leurs esprits, en faveur de leurs beautés corporelles, mais que je n'ai point encore vu, qu'en faveur de la beauté de l'esprit, tant rassis, et mûr soit-il, elles veuillent prêter la main à un corps, qui tombe tant soit peu en décadence.

Que ne prend-il envie à quelqu'une de cette noble harde [échange, troc] socratique du corps à l'esprit, achetant au prix de ses cuisses une intelligence et génération philosophique et spirituelle, le plus haut prix où elle les puisse monter ? Platon ordonne en ses lois [2] que celui qui aura fait quelque signalé et utile exploit en la guerre ne puisse être refusé durant l'expédition d'icelle, sans respect de sa laideur ou de son âge, du baiser ou autre faveur amoureuse de qui il la veuille.  (…)

Je dis, que les mâles et femelles, sont jetés en même moule, sauf l'institution [éducation] et l'usage, la différence n'y est pas grande. — Montaigne, Essais, III, v, 1406.

 1- harde,  D'après Le Banquet, 218e (le troc des agréments physiques d'Alcibiade contre la beauté spirituelle de Socrate), dont les théories ont été résumées dans « De l'amitié » : « lors naissait en l'aimé le désir d'une conception spirituelle, par l'entremise d'une spirituelle beauté. Cette-ci était ici principale : la corporelle, accidentelle et seconde : tout le rebours de l'amant » (I, 27/28, p. 289).

­2- Platon, République, V, 468b-c.

↑ Source : Montaigne, Essais, 1595, éd. Céard, 2001.

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 <> 11/01/2024


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