samedi 23 septembre 2023

éphèbe

éphèbe n. m. Beau jeune homme. Apollon, Adonis, Antinoüs.

Esclave nu.
◊ Un après-midi, dans la _Villa des Muses_, nous discutions esthétique avec le comte Robert—vous le connaissez tous—et il venait de sonner son officieux ou plutôt son esclave noir, un merveilleux éphèbe, nommé par lui Hiéroclès, qui, en l’œuvre de volupté, ne devait servir qu’une fois, comme tout ce que touche le comte Robert. Infibulé, l’esclave portait encore l’anneau d’argent destiné à défendre sa virginité ainsi qu’il était d’usage dans la maison de quelques patriciens romains soucieux des plus délicats plaisirs de la chair et de l’esprit.
Entièrement nu, l’adolescent à la toison crêpelée, oint d’essences précieuses et d’aphrodisiaques parfums, les tétons fardés, les orteils bagués de chrysoprases et les cuisses constellées de larges émeraudes, déposa sur un guéridon, d’onyx deux tasses contenant du lait de zibeline, deux tasses de jade sur lesquelles couraient des chimères d’or onglées de rubis. — Fernand Kolney, Le salon de Madame Truphot : mœurs littéraires 1904.
◊ < En Judée >les mœurs des centurions commençaient à se modifier sous l’influence des coutumes asiates. Déjà, ils fréquentaient les éphèbes qui servaient aux vices patriciens. — Fernand Kolney, ibid.


  Juan était le fils aîné d’une mère précocement veuve. Par des caprices de la génétique, il condensait les traces d’un aïeul scandinave et d’une grand-mère tarahumara [1], ce qui lui donnait une beauté aussi remarquable que rare. Encore éphèbe, il découvrit la forte attirance qu’il éveillait chez les femmes. Ses yeux de couleur Adriatique, son corps olympique recouvert d’une peau caribéenne, son visage qui relevait de la perversion, firent de l ’Adonis un gigolo  irrésistible. — Miguel Matrajt, La comitragédie de Baltasar, 2009.

­ 1- Tribu du nord-ouest mexicain.

 ◊ Mme Berthelot, une beauté singulière, inoubliable: une beauté intelligente, profonde, magnétique, une beauté d'âme et de pensée, semblable à ces créations de l'extra-monde de Poe. Des cheveux à larges bandeaux presque détachés, à l'apparence d'un nimbe, un calme front bombé, de grands yeux pleins de lumière dans l'ombre de leur cernure, un corps un peu plat avec dessus une robe de séraphin maigre. Et une voix musicale d'éphèbe, et un certain dédain dans la politesse et l'amabilité d'une femme supérieure. Un enfant, son aîné, est venu s'asseoir tout contre elle, beau comme un enfant fait au ciel. - 27 octobre. À Bellevue. - ANNÉE 1867 - Goncourt, Journal, 1888.

◊ Au Japon. — Le pelotage est la plaie des transports en commun. Le témoignage d'une jeune fille
tripotée quotidiennement depuis l'âge de 12 ans sur le chemin de l´ école en donne une image terrifiante.
Les premières dénonciations ont fait tomber le doyen des arbitres de sumo, peloteur d'éphèbes, et un
célèbre jeune loup du show-biz.— (Jean-Marie Bouissou)
◊ Le bonheur  transfiguré en néons vieux-rose surplombe la scène du théâtre d’Hérouville. C’est l´idéal auquel aspirent tous les personnages du cinéaste. Un comptoir orné d’un miroir et un juke-box, du mobilier moderne et de vieilles tapisseries à fleurs. Parfois, des éphèbes nus ou à bretelles passent en un éclair sur le plateau. Des fantasmes s’échappent dans la fumée. — (L’univers beau et impitoyable de Fassbinder)
 

>> Jeune athlète, sportif grec nu.

Dans ce contexte sportif, le pétase (chapeau de soleil) est le symbole de la gymnité hellène, du paganisme et des mœurs grecques, honnies par les Juifs.

◊ Ils [les dieux] se penchaient du haut des nuages pour conduire les épées ; cette familiarité divinisait la vie. Elle n’avait pour but que d’être libre et belle. L’éphèbe, frotté d’huile, luttait tout nu en plein soleil. L’action la plus religieuse était d’exposer des formes pures. — Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1874.

 ◊ 10 Une fois au pouvoir, <Jason, le grand-prêtre> commença à faire prendre à ceux de son pays les mœurs et les coutumes des Gentils.

Il eut la hardiesse de bâtir un lieu d’exercice public sous la forteresse même, et d’exposer les jeunes hommes les plus accomplis en des lieux infâmes. — 2 Maccabées, 4 : 10-12.  — Bible, trad. Sacy, 1701.

 10 τῆς ἀρχῆς κρατήσας εὐθέως πρὸς τὸν Ἑλληνικὸν χαρακτῆρα τοὺς ὁμοφύλους μετέστησε.

12

ἀσμένως γὰρ ὑπ αὐτὴν τὴν ἀκρόπολιν γυμνάσιον καθίδρυσεν καὶ τοὺς κρατίστους τῶν ἐφήβων ὑποτάσσων ὑπὸ πέτασον ἤγαγεν.   (Septante)

 ◊ 11- (…) Il établit des coutumes contraires à la loi.
12- Il se fit un plaisir de fonder un gymnase au pied même de l’Acropole, et il élevait  les enfants les plus nobles en les mettant sous le chapeau. [1] – (trad. Crampon, 1901)

10

ἐπινεύσαντος δὲ τοῦ βασιλέως καὶ τῆς ἀρχῆς κρατήσας εὐθέως πρὸς τὸν Ἑλληνικὸν χαρακτῆρα τοὺς ὁμοφύλους μετέστησε.


Lorsque le roi y eut consenti, et qu'il eut obtenu le premier rang, il commença aussitôt à faire passer ses concitoyens aux coutumes des Gentils.

10

11

καὶ τὰ κείμενα τοῖς Ιουδαίοις φιλάνθρωπα βασιλικὰ διὰ Ιωάννου τοῦ πατρὸς Εὐπολέμου τοῦ ποιησαμένου τὴν πρεσβείαν ὑπὲρ φιλίας καὶ συμμαχίας πρὸς τοὺς Ῥωμαίους παρώσας καὶ τὰς μὲν νομίμους καταλύων πολιτείας παρανόμους ἐθισμοὺς ἐκαίνιζεν.


Et ayant aboli ce que, pour un motif de clémence, les rois avaient accordé aux Juifs par l'entremise de Jean, père d'Eupolémus, qui avait été envoyé en ambassade chez les Romains, pour traiter d'amitié et d'alliance, et renversant les droits légitimes des citoyens, il établit des institutions impies.

11

12

ἀσμένως γὰρ ὑπ αὐτὴν τὴν ἀκρόπολιν γυμνάσιον καθίδρυσεν καὶ τοὺς κρατίστους τῶν ἐφήβων ὑποτάσσων ὑπὸ πέτασον ἤγαγεν.


Car il osa bâtir un gymnase sous la citadelle même, et exposer les plus nobles des jeunes gens dans des lieux infâmes.  trad. Fillion

12


10. statim ad gentilem ritum contribules suos transferre cœpit;

12. etenim ausus est sub ipsa arce gymnasium constituere et optimos quosque ephœborum in lupanaribus ponere. — (Vulgate)

2 Machabées : ◊ (7- 10) — Le grand-prêtre juif Jason obtient du roi Antiochus l’autorisation « d’établir de sa propre autorité et selon ses vues un gymnase avec un éphébée, et d’inscrire les habitants de Jérusalem comme citoyens d’Antioche. »

11- (…) Il établit des coutumes contraires à la loi.
12- Il se fit un plaisir de fonder un gymnase au pied même de l’Acropole, et il élevait  les enfants les plus nobles en les mettant sous le chapeau. [1] – (trad. Crampon, 1901)

Crampon suit ici le texte de la Septante, négligeant ‘in lupanaribus’  qu’il considère comme une glose de la Vulgate. Ce sont les gymnases, palestres et éphébées qui sont en eux-mêmes « des lieux de débauche », simplement parce que les badauds et les désœuvrés peuvent y admirer de beaux jeunes gens nus.

Note

1- Sous le chapeau (pétase) — Euphémisme pudique pour dire à poil.
 ◊ Le roi ayant consenti, Jason, dès qu'il eut saisi le pouvoir, amena ses frères de race à la pratique de la vie grecque.
Il se fit en effet un plaisir de fonder un gymnase au pied même de l'acropole, et il conduisit les meilleurs des éphèbes sous le pétase. - 2 Maccabées 4, 10- 12, trad. Bible de Jérusalem, 1997.

Références

­ Encyclopédie_universelle.fr-academic  éphèbe   
BRULÉ, Pierre. Le corps sportif  In : Penser et représenter le corps dans l'Antiquité [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2006.

Bible Flaubert  éphèbe   éphèbe en contexte - Maroc

<> 26/03/2024

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