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vendredi 1 novembre 2024

Pavol Breslik - ténor

 

Pavol Breslik, ténor slovaque *1979 (45 ans). Actif depuis 2001 (22 ans).

Formation : Académie des Arts de Banská Bystrica et Centre lyrique (CNIPAL) à Marseille.

  • Breslik a fait partie de la troupe du Staatsoper Unter den Linden de Berlin de 2003 à 2006, sous la férule de Daniel Barenboïm. Il a interprété  Nemorino dans L’Élixir d’amour et Belmonte dans l´Enlèvement au sérail.


Son répertoire inclut des œuvres de Mozart, Verdi, et Donizetti, notamment :

  • Tamino dans La Flûte enchantée
  • Don Ottavio dans Don Giovanni
  • Lenski dans Eugène Onéguine
  • Gennaro dans Lucrezia Borgia

Il a chanté dans de prestigieuses maisons telles que :

  • Metropolitan Opera de New York
  • Royal Opera House de Covent Garden
  • Opéra National de Vienne
  • Bayerische Staatsoper de Munich (Lucrèce Borgia de Donizetti avec Edita Gruberova, sa compatriote)
  • Staatsoper Berlin (Faust de Gounod)

Représentations au programme.

En 2024, il interprétera Narraboth dans Salomé et Tamino de La Flûte enchantée à l'Opéra Bastille. Pour la saison 2024-2025, il interprétera Faust dans Mefistofele de Boito à Dresde et Lohengrin dans une nouvelle production à Dresde.

Pavol Breslik a participé également à de nombreux concerts, notamment sous la baguette de Kurt Masur et de Riccardo Muti. Il a un répertoire varié, incluant des œuvres de Dvořák, Schubert, et des poèmes de Victor Hugo mis en musique par Franz Liszt.

Breslik souligne l'importance de l'émotion dans la musique, affirmant que la technique vocale doit servir l´expression des sentiments, et susciter l´émotion de l´auditeur. La musique est un langage universel, mais la maîtrise du texte  est un atout pour cet interprète aussi à l´aise en français qu´en allemand et dans le répertoire slave.

Pavol Breslik (ténor) et Malcolm Martineau (piano) au Capitole de Toulouse en 2023.

Au programme, les Mélodies Tziganes d’Antonin Dvořák en tchèque, des Lieder de Franz Schubert (dont Erlkönig, sur un poème de Goethe), quatre poèmes de Victor Hugo mis en musique par Franz Liszt, et des mélodies de Mikuláš Schneider-Trnavský en langue tchèque. — (Timothé Bougon)

< Hans Castorp avait pour ce disque une vive préférence. >  

Der Lindenbaum  F. Schubert, Winterreise.

Il s’agit d’un lied, d’un de ces lieds, chefs-d’œuvre tirés du fonds populaire qui doivent précisément leur spiritualité et leur humanité particulière à cette double origine… Pourquoi tant de détours ? C’était le « Tilleul » de Schubert, c’était tout simplement : « Près du puits, devant le portail », cette chanson à tous familière.

 Un ténor la chantait, avec accompagnement de piano, un garçon plein de tact et de goût, qui savait traiter son sujet à la fois simple et sublime avec beaucoup d’intelligence, de sens musical et de justesse dans la déclamation. 
On n’ignore pas que l’admirable chanson est dans la bouche du peuple et des enfants un peu différente de sa forme artistique. Ils la simplifient le plus souvent, la chantent d’un bout à l’autre par strophes, sur la mélodie principale tandis que dans l’original cette ligne populaire est modulée en bémol dès la deuxième des strophes de huit lignes, pour revenir au dièse avec le cinquième vers, qu’elle est ensuite interrompue d’une façon très dramatique lors des « vents froids » et du chapeau qui s’envole, et qu’elle ne reparaît qu’aux quatre derniers vers de la troisième strophe qui sont répétés pour que la chanson s’achève. 
L’inflexion particulièrement prenante de la mélodie se reproduit trois fois, dans sa deuxième moitié modulée, la troisième fois par conséquent lors de la reprise de la dernière demi-strophe, « Voici bien des heures… » Cette inflexion magique que nous ne saurions cerner d’assez près par les mots, accompagne les fragments de phrases : « Tant de chères paroles », « Comme s’ils me faisaient signe », « Loin de cet endroit », et la voix de ténor, claire et chaude, si experte à ménager le souffle, inclinant à un sanglot plein de mesure, la chantait chaque fois avec un sens si intelligent de la beauté de cette phrase qu’elle touchait le cœur de l’auditeur, d’autant plus que dans les lignes : « Vers lui toujours encore », « Tu  trouves  ici la paix », l’artiste savait renforcer son effet par des sons d’une extraordinaire ferveur. Mais au dernier vers répété, à ce « Tu trouverais ici la paix », il chantait le « trouverais », la première fois avec une plénitude nostalgique, la seconde fois dans un trémolo ténu.  Thomas Mann, La Montagne magique, 1924, trad. Maurice Betz, 1931.



Peter Anders - Schubert: Winterreise, D.911: 5. Der Lindenbaum ℗ 1960  4 :30
Der Lindenbaum 
 Am Brunnen vor dem Tore              Près de la fontaine, devant la Porte,
 Da steht ein Lindenbaum;                Se dresse un vieux tilleul.
 Ich träumt' in seinem Schatten         À son ombre, 
 So manchen süßen Traum.               j´ai fait de si doux rêves !

 Ich schnitt in seine Rinde                J´ai gravé dans son écorce,
 So manches liebe Wort;                   Tant de doux mots d'amour.
 Es zog in Freud' und Leide              Dans la joie ou dans la peine,
 Zu ihm mich immer fort.                 toujours, je revenais à lui.

 Ich mußt' auch heute wandern        Il fallait pourtant que je poursuive ma route,
 Vorbei in tiefer Nacht,                     dans la nuit épaisse.
 Da hab' ich noch im Dunkeln          Là, dans l´ombre à minuit demeuré,
 Die Augen zugemacht.                    j´ai fermé les yeux.

 Und seine Zweige rauschten,          Et ses branches bruissaient
 Als riefen sie mir zu:                       comme pour me ramener à lui :
 Komm her zu mir, Geselle,             « Viens me rejoindre, mon ami :
 Hier find'st du deine Ruh' !             tu trouveras ici le repos! »


 Die kalten Winde bliesen                Une bise glacée se mit à souffler,
 Mir grad' ins Angesicht;                  et vint me fouetter le visage.
 Der Hut flog mir vom Kopfe,         Mon chapeau s´envola,
 Ich wendete mich nicht.                  … et je ne me retournai pas.

 Nun bin ich manche Stunde           Maintenant des heures et des journées
 Entfernt von jenem Ort,                 me séparent de ce paisible asile ;
 Und immer hör' ich's rauschen:      Et pourtant, j´entends encore la voix qui m´appelle :
 Du fändest Ruhe dort !                   « Ici, tu trouverais enfin le repos ! »

↑ inflexion L'inflexion chantante des voix provençalesSa voix prenait des inflexions plus molles, sa taille aussi ; quelque chose de subtil qui vous pénétrait se dégageait même des draperies de sa robe et de la cambrure de son pied. Flaubert, Madame Bovary  [Une femme que l´adultère embellit]
<Il chantait>  avec des inflexions roucoulantes, et des tortillements de vierge effarouchée, et le dégueulasse accent polak illuminait les plus obscurs sous-entendus. Roger Ikor.
Ce garçon est désormais un homme. La voix est grave et mâle; mais, à tout instant, elle a des inflexions naïves et presque puériles. Georges Duhamel.

Références
↑ Pavol Breslik  Pavol Breslik (Sänger)   Morgen (R. Strauss) Paroles et traduction

↑ Franz Schubert - Winterreise | Pavol Breslik, Robert Pechanec (Eufonie 2022)

↑ Donizetti  Una furtiva lagrima  

↑ Flaubert Thomas_Mann

<> 20/11/2024


jeudi 7 décembre 2023

Puritanisme américain

 

Calvinisme rigoriste, égalitariste et nivelant ; ennemi du plaisir mais avide d´argent, comme symbole de réussite sociale bénie de Dieu.
En dépit de divergences entre leurs nombreuses sectes, les Puritains partagent des vues similaires sur la nature de Dieu, le péché originel et la relation entre Dieu et l'humanité. Toutes leurs croyances sont fondées sur la Bible qu´ils considèrent comme divinement inspirée.
Fondamentalement, il n´y a pas d´intermédiaire entre Dieu et les croyants. Les interdits les plus bizarres, les intimidations grotesques peuvent trouver une justification dans la lecture personnelle de la Bible.
La soumission aveugle à l´Écriture rend les adeptes intransigeants dans le domaine de la morale sexuelle.
Nouvelle Terre Promise, l´Amérique brandit face à la corruption du Monde, l´étendard du Bien.

À force de tout tolérer, on ne respecte plus personne. À force de tout interdire, on n´est plus respecté.

Chasse aux sorcières
Des phénomènes inexpliqués, tels que la mort du bétail, les maladies peuvent être attribués au diable ou à une sorcière.
Le procès des sorcières de Salem de 1692 a discrédité les puritains de Nouvelle-Angleterre. Bien que cette chasse aux sorcières ait eu lieu après que les puritains eurent perdu le contrôle politique de la colonie du Massachusetts, les puritains furent à l'origine des procès en sorcellerie, et composèrent le jury qui condamna les hérétiques. Lorsque le gouverneur William Phips mit fin aux procès, quatorze femmes et cinq hommes avaient été pendus pour sorcellerie.

 La censure sournoise d´une illustration par META invite à réfléchir sur le déplacement des limites sociales de l’acceptable, et à l´arbitraire consubstantiel à l´idéologie puritaine. On est ici au cœur du sujet.

Les poils seront-ils encore longtemps tolérés ?

Code puritain de Tolérance
Pour donner votre avis chez vous,
Il est interdit d´être :
moqueur envers les infirmes, les nains, les gros, les crudivores et grandes sauterelles
obscène
pornographique
nu
Gilet jaune
grossier, injurieux
blessant, insultant, choquant
impie, blasphématoire
non-respectueux de toutes les religions
enbyphobe, exorsexiste, binormototalitaire
hétérototalitaire
follophobe
matagrobolisé
dépressif
Gretamarabouté
impoli
sensé, naturel.
entier
poilu

Les cartésiens seront pendus, les Gaulois rhabillés.

Communauté bien-pensante.

Les exhortations que chacun des participants est libre de faire sont considérées comme le fruit de la communion réussie avec la Lumière den-haut, dans le silence. Le même Esprit qui a inspiré la Bible peut inspirer tous les croyants. — Encyclopédie_universelle, 2012.

Transparence, communauté des pécheurs et magistère moral.

Les Quakers (Puritains radicaux) sont nus devant Dieu ; ils exigeaient le même dépouillement des Princes, et aujourd´hui des vedettes qui les divertissent, et des puissants qu´ils ont élus démocratiquement à la tête de l´État. Leur bonne conscience leur donne le droit de faire la leçon au monde entier.

 <> Témoin gêné de la vie des autres (Thomas Mann)

Des bruits venaient de la chambre de ses voisins de gauche,  –  le couple russe, d’après les renseignements de Joachim,  –  et qui ne s’accordaient pas davantage avec ce matin clair et frais, mais qui semblaient bien plutôt le souiller en quelque manière gluante. Hans Castorp se souvint que, hier soir déjà, il avait entendu quelque chose d’analogue, mais que sa fatigue l’avait empêché d’y prendre garde. C’était une lutte accompagnée de rires étouffés et de halètements dont le caractère scabreux ne pouvait longtemps échapper au jeune homme, bien que, par esprit charitable, il s’efforçât tout d’abord de s’en donner à lui-même une explication innocente. On eût pu donner d’autres noms encore à cette bonté de cœur, par exemple le nom un peu fade de pureté d’âme, ou le beau nom grave de pudeur, ou les noms humiliants de crainte de la vérité et de sournoiserie, ou encore celui de crainte mystique et de piété ; il y avait un peu de tout cela dans l’attitude que Hans Castorp avait adoptée à l’endroit des bruits qui venaient de la pièce voisine, et sa physionomie l’exprima par un assombrissement pudique de son visage, comme s’il n’avait ni dû ni voulu rien savoir de ce qu’il entendait : expression de pudique bienséance qui n’était pas absolument originale, mais qu’en certaines circonstances il avait coutume d’adopter.

Hans Castorp était là, debout, une serviette à la main, et écoutait malgré lui. Et soudain il rougit sous sa poudre, car ce qu’il avait distinctement entendu approcher, venait de se produire, et le jeu,  sans aucun doute, relevait à présent du domaine des instincts animaux.

« Sacré nom de Dieu ! pensa-t-il en se détournant, pour terminer sa toilette avec des mouvements intentionnellement bruyants. Après tout, ils sont mari et femme, mon Dieu, sur ce point  rien à dire ! Mais le matin, en plein jour, voilà qui est malgré tout assez fort. Et j’ai tout à fait l’impression qu’hier soir non plus ils n’avaient pas conclu d’armistice. En somme, ils sont tout de même malades, puisqu’ils sont ici, tout au moins l’un d’entre eux, et un peu plus de modération serait concevable.

Mais le plus scandaleux, c’est naturellement, songea-t-il avec irritation, que les murs soient minces au point que l’on entende tout ; c’est évidemment un état de choses intenable.

Ce fait ne le disposa pas favorablement à l’égard du couple voisin ; serrant les lèvres, il murmura une parole de blâme assez vigoureux à leur endroit et commit la faute de se rafraîchir encore une fois le visage dans l’eau, ce qui aggrava sensiblement le mal. Ainsi advint-il que sa voix fut altérée par une humeur un peu chagrine lorsqu’il répondit à son cousin qui, tout en l’appelant, avait frappé contre le mur, et qu’à l’entrée de Joachim, il ne donna pas précisément l’impression d’un homme reposé et heureux d’accueillir le matin. — Thomas Mann, La Montagne magique, 1924, trad. Maurice Betz, 1931.

<> Respect de la vie privée, — l´héritage romain.

L´atteinte à la vie privée par la divulgation de l´intime menace les fondements mêmes de notre civilisation.

Les réseaux sociaux répandent l´idéologie puritaine typique des États-Unis, opposée à nos mœurs et à nos valeurs. C'est un puritanisme qui se prétend libertaire et progressiste (il œuvre pour le  bien de la communauté), et qui  au nom de la vertu et de la pureté morale, impose la transparence de la vie privée. La divulgation de la sphère privée vise à ruiner une carrière, ou même à tuer un homme.

 À la différence des médias traditionnels, les réseaux sociaux ne répondent pas des dégâts qu´ils provoquent. Or, les Anglo-Saxons sont aussi cochons et portés sur les déviances sexuelles que les autres ethnies. Le puritanisme faux-cul ne fait qu´aggraver leur cas.

Ne laissons pas les Savonarole masqués abolir nos libertés ni détruire notre civilisation. Le bonheur d'être Français résulte d´un art de vivre fondé sur la tolérance, sur la séparation entre public et privé. — (Denis Olivennes)

  Nicole Bacharan raconte une  histoire des États-Unis voluptueuse et passionnée. Elle dévoile les vices enfouis sous leur vertu affichée. Elle révèle une nation obsédée par la pureté et la transparence, écartelée entre ses idéaux et ses pulsions, qui aujourd'hui, à l'heure de la liberté des corps, se débat toujours avec ses vieux démons bibliques.

Références

­↑ Bremer, Francis J. Lay Empowerment and the Development of Puritanism. New York: Palgrave Macmillan, 2015.
­ Quakers  Encyclopédie_universelle.fr-academic  https://encyclopedie_universelle.fr-academic.com/17346
­ Nicole Bacharan, Du sexe en Amérique, 2016.

  Honte du corps - Haine de la chair - Formalisme vétéro-testamentaire - Pureté des Écritures - état de pureté.

Thomas_Mann
Honte du corps - Haine de la chair - Formalisme vétéro-testamentaire - Pureté des Écritures - état de pureté.

<> 17/04/2024

 

 

Norma Bellini Paroles

Callas Norma Paris Mai 1965   Libretto: Norma (1831, Milano) Opéra de Vincenzo Bellini (1801 – 1835)  Paroles de Felice Romani.     Person...