beauté n. f. Caractère de ce qui est beau ; qui flatte la vue ou l´oreille.
◊ Le beau seul a cette destination d'être parfaitement manifeste et parfaitement digne d'amour. — Platon, Phèdre, 250dPour Thierry Lodé, l’attraction qu’exerce la beauté provient étho-biologiquement de l’effet du stimulus supranormal.
Le stimulus supranormal déclenche une réponse plus intense.
*Apollon, Jacinto et Cipariso. Aleksandr Ivánov. 1834.
La tendance à l’exagération (composante fondamentale du biologique) peut expliquer l’exubérance des traits sexuels chez les animaux, comme la queue du paon ou la pince du crabe violoniste.
La sélection sexuelle s’imbrique ainsi dans une coévolution antagoniste des traits spécifiques liée au conflit sexuel. L´outrance attise le désir sexuel (grosseur de la queue du paon, gros seins, hanches larges…). La beauté en tant que stimulus supranormal est avant tout un canon de la sexualité. Cette tendance à l´exagération des traits se retrouve dans l’histoire de l´Art, notamment chez Picasso ou chez le Grec.
◊ « Tandis que je vous écris, je vois de ma fenêtre, sur la mer d’un bleu dansant de méthylène, les irradiations du zénith se multiplier en facettes miroitantes. Je songe alors à ce que doivent être ces onze mois par an passés à Saint-Léonard (Loiret)… Et cette beauté de la mer, qui me paraissait si innocente, ne me le paraît plus tout à fait. » — Montherlant, Les Jeunes filles, 1934.
Certains penseurs ont cherché à distinguer différents sentiments esthétiques, ce qui permet d'ôter à l'idée de beau sa trop grande généralité.
Maïa Mazaurette regrette l´usage
du slip Speedo pour les champions. Il
stimule l´imaginaire, mais ce pudique superflu empêche la rombière de jouir sur son sofa de la
beauté olympique des nageurs. Les Spartiates eugénistes le savaient bien ;
Sardine Rousseau approuve. > Athlète - beauté grecque. Gymnité - Sportifs nus.
Pour Hegel, il y a une différence entre le beau de nature et le beau artistique. Le beau artistique est « très au-dessus de la nature », parce qu’il est œuvre de l’esprit. Il a pour but « la présentation de la vérité » sous sa forme sensible et permet à l’homme d’accéder à la conscience de soi.
Burke distingue le beau du sublime. Pour lui, le beau est harmonieux et attirant, le sublime disproportionné et terrible. Cette distinction sera reprise par Kant dans sa Critique de la faculté de juger (1790).
Jean-François Amadieu a déduit que « si un visage moyen est globalement attirant, il n'est pas certain, en revanche, que ce soit le plus attirant, et nous serions peut-être moins attirés par des formes moyennes que sortant de l'ordinaire ».
◊ Cet Apollon me ravissait au plus haut degré de moi-même. — (Valéry)
La théorie de l'évolution de Darwin ne permet certes pas de cerner la beauté en tant que telle, mais elle introduit l'attractivité. Les femmes attirantes et les mâles alpha seraient les partenaires gagnants pour l´espèce humaine en général.
Enfin, par l'initiation à la Beauté : purification, ascension et contemplation, Platon donne une forme dialectique aux mystères orphiques de l'ascension de l'âme vers le divin.
Libération quasi boudique, Schopenhauer l´a dit :
« Dans le Beau, nous saisissons toujours les formes essentielles et primordiales de la Nature animée et inanimée,... et cette perception a pour condition sa corrélation essentielle, le sujet connaissant libéré de la Volonté, soit en d'autres termes, une pure intelligence sans objectifs ni intention. À l'occasion d'une appréhension esthétique, la Volonté disparaît entièrement de la conscience; or elle seule est la source de nos chagrins et de nos souffrances. C'est l'origine de la satisfaction et de la joie qui accompagnent l'appréhension du Beau. Elle repose donc sur l'éloignement de toute possibilité de souffrance. » — (Parerga et Paralipomena, Livre II, chap. XIX, § 205)
« ...en effet, du moment où, affranchis du vouloir, nous nous sommes absorbés dans la connaissance pure et indépendante de la Volonté, nous sommes entrés dans un autre monde où il n'y a plus rien de ce qui sollicite notre volonté et nous ébranle si violemment. » — (Le Monde comme Volonté et comme Représentation, Livre III, §38)
Contacté à l´époque, Foucault n´entendait rien par là.
◊ D´Alembert ébloui. — Le roi de Prusse causant avec d'Alembert, il entra chez le roi un de ses gens du service domestique, homme de la plus belle figure qu'on pût voir ; d'Alembert en parut frappé. « C'est, dit le roi, le plus bel homme de mes États: il a été quelque temps mon cocher, et j'ai une tentation bien violente de l'envoyer ambassadeur en Russie. » — Chamfort, Maximes, pensées et anecdotes, éd. 1923.
◊ L´abbé pouvait admirer tout à son aise les jeux des plus sportifs adeptes, formant un spectacle d'une mâle beauté, au bord de la piscine. — (Kienné de Mongeot)
Les femmes associent la beauté aux célébrités fardées ou aux
athlètes, — des
mâles au corps parfait de série B. Pure manipulation. Nous subissons le mensonge
systémique des médias, aliments huileux des petit bulots las et repus que nous sommes tous en France macronique. La perfection des modèles fait la honte des boloss de Tik Tok.
Les Grecs d´antan, s´entraînaient assidûment pour défendre la cité menacée par les Barbares. Le gymnase préparait le citoyen à la rude vie militaire. Les Athéniens, philosophes sous le pétase, appréciaient la beauté masculine, qu´ils tenaient pour un miroir de la vertu. Et les riches amateurs romains ont multiplié les copies des chefs-d´œuvre de Polyclète, Phidias, Praxitèle, Myron, Agasias et autres. La générosité des mécènes androphiles anciens nous permet ainsi aujourd’hui d´admirer dans nos musées, nos parcs et nos jardins la hauteur de l´idéal grec de l´homme.
Il s’agissait d’être un bon soldat et accessoirement un bel athlète.
D´après la doxa lavissienne, au Moyen Âge, les normes de toilettage masculin ont radicalement changé. Il ne pouvait y avoir de culte du corps, tout ce qui concernait la chair était vu comme une cause de péché, et l’hygiène n’était pas vue d’un bon œil par l’Église. Les chevaliers ne se préoccupaient pas de leur apparence physique.
« Au Moyen Âge, tout a changé. Les bourgeois ne se lavaient pas ; l´attention portée au corps était nulle car peccamineuse (considérée comme un péché véniel). « Les manants (attachés à la glèbe) étaient trop occupés à nourrir les seigneurs, — parasites de classe, pour penser à faire du jogging.» — G. Laboss, Ma vraie vie
chez Stivi, 2015.
Étaient-ils prudes pour autant ? — Rien n´est moins sûr car, comme l´a souligné Corinne Magace : « Comme chacun sait, le continuum d’intimité qui va de la parole à la sexualité s’appliquait alors aux relations entre personnes bien plus qu’à des catégories discrètes (hommes-femmes). »
Avec Paris Match nous vivons une époque moderne. Nous pouvons grâce à Guazzini, Mimi Manu, Morandini jouir dans nos kiosques de la superbe plastique du XV de France et d´autres délurés compères, témoins vigoureux d´une masculinité retrouvée et heureuse. — (Frank Ribeiro-Salvini).
◊ Chez Winckelmann, le concept de Beau quitte le champ de l'art pour s'appliquer également au corps quotidien. L'entraînement systématique du corps, sur le modèle de la jeunesse grecque, est fondateur du Beau. L'exemple grec rendu populaire par Winckelmann propose ainsi comme idéal esthétique moderne le lien entre corps nu, corps jeune et corps ·entraîné. > Laplénie op. cit.
◊ L’amour qui nous attache
aux beautés éternelles
N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles. — Molière, Tartuffe,1664.
<> Privilège de la beauté. — Sieste avec le Roi – Souper fin.
Il avait deux chanteurs et Mademoiselle Astron, Italienne dont la voix pleine et harmonieuse était citée.
Rarement cependant faisait-il chanter dans son petit concert. Il fallait être dans la plus intime faveur pour y être admis, et ordinairement il n’y avait que quelques-uns de ces petits Messieurs dont nous avons parlé et auxquels il faut revenir plus d´une fois en écrivant cette histoire. À neuf heures venaient les d´Argens, les Algarotti, les Voltaire, les Maupertuis, mais jamais plus de huit, le Roi compris et deux Mignons.
À neuf heures et demie le Roi était servi. Huit plats. Conversation assez libre, mais rarement des soupers assez délicieux qu´on a supposés. — <Sur> Frédéric II, Roi de Prusse. Anecdotes pour compléter la Vie de M. de Voltaire, 1785.« Le beau est Dieu, et Dieu est le beau dans les arts, les sciences, la morale et la religion. Conséquemment le monde sera en Dieu et Dieu dans le monde, du moment où les hommes comprendront et cultiveront le beau. L’absence du beau n’est que ténèbres, désespoir et néant. » — (Hölderlin)
Science et beauté
Konrad Lorenz a montré qu´une oie bien élevée préfère couver un gros œuf vert plutôt que ses propres œufs.
Art et beauté : Pourquoi la Grèce ?
À la sculpture antique, Michel-Ange demanda la science de la composition, du groupement des personnages, de l’harmonieuse beauté du corps humain, du jeu expressif de la musculature, mais il y ajouta une recherche de mouvement et un approfondissement psychologique et moral. Le corps humain devenait un langage par lequel l’artiste faisait sentir les émotions et les passions de l’homme, puis, se haussant au plan métaphysique, exprimait tout le tragique de la destinée humaine en face de son créateur. — (Larousse)
◊ On ne saurait nier l’émoi plus ou moins lucide que suscitent les ruines de marbre montant vers le ciel, ou le corps d’un athlète vous accueillant, tout droit et fier au seuil d’un musée. — J. de Romilly, Pourquoi la Grèce ? 1992. > athlète - beauté grecque
◊ La nudité des poitrines mâles, rare en ce siècle bourgeois prude et corseté, donne cependant à tous une idée de la Beauté. C’est ainsi que, lors d’une préparation à un match de boxe, un corps jeune apparaît dans sa gloire, bien avant le combat.
« Tout d’un coup, dans la galerie à trois mètres au-dessus de nos têtes, la première apparition du corps humain. (…) Et, au milieu des cinquante vestons qui émergent de la balustrade, ce torse nu, un boxeur de seize ans peut-être, déjà en tenue de combat, dont on entrevoit à peine le visage, dont la lumière n’éclaire que le torse, très réceptif de la clarté, parce qu’il est presque uni, comme le sont les corps de jeunesse… »
Pour les Français d’entre-deux guerres enfermés dans le petit, « ce premier torse nu c’est la porte soudain ouverte sur un monde plus haut, qui leur arrive avec une ondée de gravité. » — Montherlant, cité par ARGOUL.
« La beauté consiste à chasser le superflu. »N´oubliez pas la musique ! Maria Callas ; Maria Callas (Medora) - Il Corsaro (G. Verdi) 5.16 Egli non riede ancora! Non so le tetre immagini (1969)
Dopo l'oscuro nembo : Adelson e Salvini/BELLINI - Elīna Garanča écouter Paroles
Se Romeo t'uccise un figlio : I Capuleti e i Montecchi BELLINI - Elīna Garanča 4: 58
Références
↑ Encyclopédie_universelle.fr-academic beauté > Apollon, dieu de la Beauté.
Biblio
↑⧫ Chamfort Hölderlin Kienné de Mongeot Molière Montherlant Platon Schopenhauer
«Beauté amour / banquet garçons philosophes / Platon Voltaire
<> 08/04/2025
Wikipédia bouche les trous du trop peu connu.
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