Horace, Épîtres, trad. Richard, 1944. Garnier & Gallica.
Livre I. Texte latin
I, 1 À MÉCÈNE
Mécène, toi qu'ont chanté les premiers accents de ma Camène et que célébreront les derniers, tu veux ramener dans l'arène de sa jeunesse le gladiateur qui s'est longtemps donné en spectacle et a obtenu son congé. Mes goûts ont changé, comme mon âge. Véianius 751 a suspendu ses armes à une colonne du temple d'Hercule et vit ignoré à la campagne; il ne tient pas à redemander, au bout de la piste, sa récompense aux spectateurs. J'entends toujours le même propos qui touche mon oreille attentive « Sois assez sage pour dételer à temps ton cheval vieillissant; sinon, il bronchera avant la fin, s'essoufflera et provoquera le rire. »
Oui, aujourd'hui j'ai renoncé aux vers et aux autres fantaisies le vrai et l'honnête, voilà l'objet de mes méditations, de mes recherches; je m'y donne tout entier; je ramasse, j'arrange mes provisions, pour m'en servir au besoin.
Tu vas peut-être me demander quel est mon chef, et sous quel Lare je m'abrite or, je ne me suis lié à aucun maître, je n'ai prêté serment à personne, je me laisse conduire où me mène l'état du ciel; mais, même là, je ne suis qu'en passant. Tantôt je vis dans l'action et me baigne dans la politique, j'observe rigoureusement et pratique la vraie vertu; tantôt au contraire, je glisse, sans avoir l'air de rien, dans les principes d'Aristippe 752, et essaie de soumettre les faits à ma volonté, au lieu de me laisser dominer par eux. La nuit est longue pour celui que sa maîtresse a trompé; le jour paraît interminable à ceux qui sont condamnés au travail, et l'année n'en finit plus pour le mineur soumis à la dure poigne de sa mère; ainsi pour moi, s'écoulent péniblement et sans plaisir tous les moments où je dois ajourner mes espérances et mes projets de travailler avec cœur à ce qui est utile aux pauvres comme aux riches, à ce que jeunes et vieux souffriront d'avoir négligé. Du moins, me reste-t-il cette consolation de régler ma vie sur les premiers principes de la sagesse. Sous prétexte qu'on n'a pas la vue perçante de Lyncée 753, on ne refusera pas de soigner ses yeux malades; de ce que l'on n'a aucun espoir de l'emporter sur Glycon, l'athlète invaincu, on ne conclura pas qu'il n'y a rien à faire pour se guérir de la goutte. Il est possible d'avancer jusqu'à un point donné, s'il ne l'est pas d'aller plus loin.
Le cœur humain est rongé par la cupidité et de misérables convoitises eh bien! il y a des mots et des formules pour calmer la souffrance et guérir, au moins en partie, la maladie. L'amour de la gloire te tourmente il est des cérémonies qui te rendront la force, quand tu auras, trois fois, lu avec piété tel petit livre. Jaloux, emporté, paresseux, buveur, sensuel, personne n'est indomptable au point de ne pouvoir se laisser apprivoiser, pourvu qu'il ait la patience de se prêter aux leçons. C'est déjà de la vertu que de fuir le vice; c'est déjà de la sagesse que de combattre l'erreur. Vois tes efforts, les dangers que tu cours pour éviter ce que tu regardes comme des maux intolérables, une fortune médiocre, la honte d'un échec; vois le marchand courir sans se lasser jusqu'aux Indes, au bout du monde, s'exposant aux périls de la mer, des rochers, des incendies, pour fuir la pauvreté. Et pour ne plus avoir le souci de ces faux biens que ta sottise souhaite et admire, tu refuserais de t'instruire, d'écouter et de suivre qui vaut mieux que toi ?
Quel hercule de village ou de foire mépriserait la couronne des nobles jeux d'Olympie, s'il espérait s'assurer la palme, sans avoir à lutter ?
L'argent vaut moins que l'or, mais l'or vaut moins que la vertu. « Citoyens, citoyens, commencez par vous enrichir, la vertu après les écus! » Voilà ce qu'on entend d'un bout à l'autre de la galerie de Janus 754, voilà la chanson des vieux et des jeunes, tous ayant, pendues au bras gauche, leur cassette et leur tablette. Tu as du cœur, du caractère, de l'éloquence, de la loyauté, mais il te manque six ou sept mille sesterces pour faire les quatre cent mille réglementaires 755 tu resteras dans la plèbe. Ah! comme j'aime mieux les enfants dans leurs jeux « Sera roi, disent-ils, qui fera le mieux. » N'avoir pas de reproche à s'adresser, n'avoir pas fait de faute dont on ait à rougir, voilà notre mur d'airain. Vraiment, qu'est-ce qui vaut le mieux, la loi Roscia 756, ou bien les couplets enfantins qui donnent le trône aux meilleurs, et que chantaient jadis les mâles Curius et les mâles Camille 757 ? Quel est le meilleur conseiller ? Celui qui te pousse à faire fortune, honnêtement, si possible, sinon, par tous les moyens, afin d'être plus près de la scène quand on joue les drames larmoyants de Pupius ? ou bien l'homme qui, debout à côté de toi, t'engage et te prépare à faire face, libre et la tête haute, aux coups de la Fortune ?
Si le peuple romain s'avisait de me demander pourquoi je n'épouse pas ses jugements comme je fréquente ses portiques, et pourquoi mes préférences et mes répugnances ne sont pas les siennes, je lui ferais la réponse que fit jadis le renard avisé au lion malade « C'est que je suis effrayé de voir les traces de pas toutes tournées vers ton antre, sans qu'aucune marque un retour en arrière 758. » Tu es, Rome, le monstre aux cent têtes. Que faire ? Qui suivre ? Les uns sont impatients d'affermer les revenus publics; d'autres, avec des friandises et des fruits, font la chasse aux femmes non mariées et avares 759 ou jettent leurs filets sur des vieillards, pour les mettre en réserve dans leurs parcs à gibier; la plupart s'enrichissent en cachette par des prêts usuraires. Je veux bien admettre que chacun ait ses goûts et ses préférences; mais une même personne ne pourrait-elle, une heure de suite, garder le même sentiment ? « Il n'y a pas sur terre, dit un richard, de plage plus agréable que Baïes 760 », et, sans retard, le lac Lucrin et la mer éprouvent les effets de sa préférence; puis un caprice maladif agit sur lui comme un présage « Demain, ouvriers, c'est à Téanum que vous porterez vos outils! » Le lit de parade 762 est-il dans l'atrium, rien ne vaut la vie de célibataire; n'y est-il pas, les maris seuls sont proclamés heureux. Quels liens imaginer pour retenir ce Protée aux cent visages 763?
Et le pauvre ? tu vas sourire! lui aussi change de logement, de lit, de bain, de barbier; il paie sa place sur un bateau pour avoir le mal de mer, comme le riche sur sa trirème. Si tu me rencontres, Mécène, avec des cheveux mal coupés par le barbier, je te vois sourire; si j'ai, sous une tunique neuve, une chemise usée, si les plis de ma toge ne tombent pas bien, tu souris encore. Et, quand mes idées ne sont pas d'accord, quand je renonce à ce que j'ai voulu, puis que je veux encore ce que je viens de laisser, quand je flotte au hasard et que tout mon train de vie est fait de contradictions, quand je démolis, puis rebâtis, et fais rond ce qui était carré, tu me crois atteint de la folie de tout le monde, et tu ne songes pas à rire, ni à m'envoyer le médecin, ni à demander pour moi un curateur au préteur; et cependant tu es mon tuteur! Mais qu'il ait les ongles mal taillés, cet ami dont la vie est suspendue à la tienne, cet ami qui n'a d'yeux que pour toi, et te voilà de mauvaise humeur!
Bref, le sage n'a qu'un maître : Jupiter. Il est riche, libre, comblé d'honneurs, beau, c'est le roi des rois; surtout il est bien portant. sauf quand la pituite le tracasse.
Notes
Aucune date certaine pour cette épître. Elle fut vraisemblablement écrite pour servir de préface au premier livre, à peu près en même temps que la vingtième et dernière (en 21 av. J.-C.). Elle est, comme la première ode et la première satire, adressée à Mécène.
Celui-ci avait demandé au poète de nouvelles odes. Horace répond que le temps de la poésie lyrique est passé pour lui. C'est la morale qui désormais l'intéresse. Chercher quelques règles générales de vie, se corriger de ses défauts, dédaigner la richesse, travailler à rendre son caractère plus stable et plus calme, voilà, aujourd'hui, son unique préoccupation.
751. Véianius, gladiateur connu qui, retiré du cirque, suspend ses armes en ex-voto dans le temple d'Hercule.
752. Aristippe, de Cyrène, disciple de Socrate, place le souverain bien dans les plaisirs des sens; il est, en quelque manière, le précurseur d’Épicure.
753. Lyncée, un des Argonautes, avait une vue perçante. Son nom était universellement connu.
754. La galerie de Janus, passage couvert qui conduisait au forum, et où se tenaient les marchands et les changeurs.
755. Il fallait 400 000 sesterces (environ 80 00o francs or) pour être inscrit dans la classe des chevaliers.
756. La loi Roscia (proposée par le tribun Roscius) réservait, au théâtre, les quatorze premiers gradins aux chevaliers, derrière les sénateurs, qui occupaient l'orchestre.
757. M. Curius Dentatus (llle siècle av. J.-C ), vainquit les Samnites. M. Furius Camillus (IVe siècle), plusieurs fois dictateur, vainqueur dans les guerres contre Véies et contre les Gaulois.
758. Voir la fable de La Fontaine, VI, xiv, Le Lion malade et le Renard.
759. Les captateurs de testaments s'attaquaient aux femmes non mariées et aux vieillards sans famille. Ces derniers sont comparés à un gibier qu'on enferme dans un parc pour le chasser à loisir.
760. Baïes, près de Naples, nombreuses sources thermales centre de tourisme. Le lac Lucrin, au N.-O. de Baïes.
I, 2 À Lollius
Mon cher Lollius Maximus, pendant qu'à Rome tu t'exerces à l'éloquence, j'ai, à Préneste, relu le chantre de la guerre de Troie. Ce grand homme nous montre ce qui est honnête ou honteux, utile ou nuisible, plus pleinement, avec plus de justesse que n'ont fait Chrysippe et Crantor 764. Pourquoi me suis-je fait cette opinion ? Je vais te le dire, si rien ne te retient.
Le poème où est racontée la longue guerre que la passion de Pâris alluma entre Grecs et Barbares, nous montre la sottise et les violences des rois et des peuples. L'avis d'Anténor est qu'il faut supprimer la cause même de la guerre. Et Pâris ? Il déclare, lui, que nul ne peut l'obliger à régner tranquille et à vivre heureux. Nestor apporte ses soins à calmer le différend qui sépare le Péléide de l'Atride, emportés, le premier par son amour, et tous deux également par la colère. Les Grecs expient toutes les sottises de leurs rois. La désunion, la fourberie, le crime, la passion, la colère exercent leurs ravages dans Troie et hors de Troie.
À ce tableau, Homère oppose les effets de la vertu et de la sagesse, en nous proposant, comme un exemple à suivre, le prudent Ulysse qui, vainqueur de Troie, parcourut beaucoup de pays, visita beaucoup de peuples, et, tout en travaillant à franchir la vaste mer pour revenir dans son île et y ramener ses compagnons, eut à supporter mille maux, sans se laisser submerger par l'adversité. Tu connais les chants des Sirènes et les breuvages de Circé. Si Ulysse avait eu la sottise et l'imprudence de boire, comme firent ses compagnons, il serait devenu l'esclave d'une courtisane, et aurait pris la forme d'une bête privée de raison, d'un chien immonde, d'un pourceau vautré dans la boue.
Pour nous, nous ne sommes que de pauvres hommes, faits seulement pour manger; nous sommes les prétendants de Pénélope, ces vauriens, ou ces jeunes gens de la cour d'Alcinoüs 765, uniquement occupés du soin de leur personne, et qui trouvaient bon de dormir jusqu'au milieu du jour et de se laisser bercer dans un demi-sommeil par le chant de la cithare.
Pour étrangler un homme, les escarpes se lèvent au milieu de la nuit, et pour assurer ton salut, tu ne te lèverais pas de bonne heure? Mais si tu ne veux pas courir en bonne santé, il te faudra le faire avec ton hydropisie, et si tu ne demandes pas de la lumière pour lire avant le jour, si tu ne t'appliques pas à l'étude de la morale, l'envie et la passion te tiendront éveillé et te tortureront. Eh quoi! quand un objet blesse ton œil, tu te dépêches de l'enlever. Et si une passion ronge ton cœur, tu ajournes indéfiniment le remède ? C'est avoir fait la moitié de l'ouvrage que d'avoir commencé. Aie l'énergie d'être sage, commence. Remettre à plus tard le moment de vivre avec sagesse, c'est faire comme le paysan qui attend que le fleuve ait fini de couler mais le fleuve coule et coulera éternellement.
Que recherchent les hommes ? De l'argent, une femme riche pour leur donner des enfants, des boqueteaux incultes à faire défricher par la charrue. Quand on a le nécessaire, on ne devrait rien désirer de plus. Ce n'est pas une maison, une propriété, un tas d'or et de bronze, qui guériront ton corps de la maladie et de la fièvre, ton âme du tourment. Si l'on veut jouir des biens que l'on a amassés, il faut commencer par se bien porter. Lorsqu'on est ravagé par le désir ou la crainte, on éprouve, à être un riche propriétaire, tout juste le plaisir que fait un tableau à l'homme qui a mal aux yeux, des linges fins à un goutteux, le son de la cithare à celui dont les oreilles sont malades et pleines d'humeurs. Quand un vase n'est pas propre, tout ce qu'on y verse devient aigre. Méprise la volupté c'est un mal, la douleur en est le prix. L'avare est toujours dans le besoin fixe un terme à tes désirs.
L'envieux maigrit du bonheur d'autrui; les tyrans de Sicile 766 n'ont pas inventé de supplice pire que l'envie. Si l'on ne sait pas mettre un frein à sa colère, on regrettera un jour d'avoir obéi à son ressentiment et à son humeur et d'avoir, pour assouvir sa haine, voulu hâter sa vengeance. La colère est une courte folie. Maîtrise ta passion si elle n'obéit pas, c'est elle qui commande, impose-lui un frein, mets-lui une chaîne.
C'est quand le cheval est jeune qu'on le dresse et qu'on lui apprend à suivre le chemin où veut le faire passer le cavalier. Le chien de chasse a d'abord, dans la cour de la maison, aboyé à un cerf empaillé; ensuite, il sait chasser dans la forêt. Dès aujourd'hui, alors que tu es encore jeune et que ton cœur est pur, pénètre-toi de mes préceptes, confie-toi à qui vaut mieux que toi. L'amphore neuve conserve l'odeur du liquide qu'on vient d'y verser. Si tu tardes, je ne t'attendrai pas; si tu cours pour aller devant, je ne ferai rien pour te rattraper.
Notes
Le destinataire de cette épître, Lollius Maximus, est encore un tout jeune homme, puisqu'il est à l'école des rhéteurs, où, suivant l'habitude des jeunes Romains, il lit Homère. C'est donc à l'Iliade et à l'Odyssée qu'Horace emprunte, à l'usage de son correspondant, ses leçons de morale. Il faut mettre, à combattre nos passions, toute l'ardeur que nous mettons d'ordinaire à les satisfaire. Le ton de l'épître est grave et sérieux, comme il convient quand on s'adresse à un jeune homme. La date possible est ∼26.
I, 3 À Julius Florus
Julius Florus, dans quelles contrées est le corps expéditionnaire conduit par Tibère, beau-fils d'Auguste ? Je voudrais bien le savoir. Êtes-vous en Thrace ? Êtes-vous bloqués par les glaces de l'Hèbre 767 ? arrêtés par le détroit dont les flots courent entre les tours 768 de ses deux rives, ou par les grasses plaines et les collines de l'Asie ?
Et vous tous, les jeunes gens de l'entourage de Tibère, quels sont vos travaux littéraires ? Cela aussi m'intéresse. Lequel a pris pour lui le récit des exploits d'Auguste ? Qui se charge de faire connaître à la postérité les œuvres de la guerre et de la paix ?
Que fait Titius, dont Rome bientôt célébrera la renommée, lui qui n'a pas craint de se mesurer à Pindare 769 et a eu le courage de dédaigner les étangs, les ruisseaux, ces sources banales de l'inspiration ? Comment se porte-t-il ? Se souvient-il de moi ? Travaille-t-il à adapter, sous les auspices de la Muse, le rythme thébain à la lyre latine ? ou au contraire se livret-il aux fureurs et aux déclamations de la tragédie ?
Que fait mon bon ami Celsus ? Je lui ai dit, je ne me lasserai pas de lui répéter, qu'il doit se contenter de son bien et éviter d'emprunter aux œuvres de la bibliothèque palatine. Sinon, le jour où les oiseaux viendront redemander leurs plumes, la corneille, dépouillée de son plumage d'emprunt, prêtera à rire à tout le monde.
Et toi-même quel travail entreprends-tu ? Actif comme l'abeille, quelles fleurs butines-tu? Tu n'as pas un esprit médiocre ni grossier; tu ne manques point de culture; que tu aiguises ton éloquence en vue de procès à plaider, que tu prépares tes consultations de droit civil, que tu polisses d'aimables poésies, tu obtiendras la couronne de lierre, récompense du vainqueur. Si tu pouvais renoncer à tous les soucis qui refroidissent ton élan, tu irais aussi loin que peut te conduire la divine philosophie. Acquérir la sagesse, y travailler, voilà notre but à tous, grands et petits, si nous voulons vivre chers à notre patrie et à nous-mêmes.
Dis-moi aussi, dans ta réponse, si tu as pour Munatius toute l'affection qui convient; votre réconciliation a-t-elle tenu ? ou la plaie a-t-elle été mal cicatrisée et s'est-elle rouverte ? Est-ce la chaleur de votre sang, est-ce un malentendu qui vous rend tous deux si farouches et ne vous permet pas de vaincre vos emportements ? Où que vous soyez, vous ne devez pas rompre une affection fraternelle pour moi, j'engraisse une génisse que j'ai fait vœu de sacrifier pour fêter votre retour.
Notes
Le beau-fils d'Auguste, le futur empereur Tibère, avait, en ∼20, été envoyé en Arménie, pour rétablir Tigrane sur le trône de ce pays (cf. Tacite, Annales, II, 3). Il était accompagné d'un certain nombre de jeunes patriciens, qui formaient autour de lui comme une petite cour (cohors). Julius Florus, à qui est adressée cette épître, en faisait partie; il cultivait les lettres. Horace lui demande de ses nouvelles, il s'enquiert également des occupations de quelques-uns de ses compagnons. L'épître est, naturellement, de ~ 20.
I, 4 À Tibulle
Tibulle, critique sincère de mes satires, que peux-tu bien faire en ce moment dans la campagne de Pedum* ? Écris-tu des vers plus beaux que les petits ouvrages de Cassius de Parme 770 ? ou bien te promènes-tu à petits pas à l'ombre salutaire des bois tranquilles, sans autre souci que la méditation du sage et de l'homme de bien ? Tu n'as jamais été un corps sans âme. Les dieux t'ont donné la beauté; ils t'ont donné aussi la richesse et l'art d'en jouir. Que peut souhaiter une nourrice pour son cher petit, s'il a la sagesse, le don d'exprimer ses sentiments, le crédit, la réputation, la santé, une vie élégante et une bourse bien garnie ? Au milieu des espérances et des soucis, des craintes et des colères, persuade-toi que chaque jour qui luit est pour toi le dernier; elles te seront douces toutes les heures sur lesquelles tu n'auras pas compté. Pour moi, tu me trouveras gras, la peau soignée et bien brillante, et tu pourras te moquer de moi, vrai pourceau du troupeau d'Épicure.*
Notes
Le poète élégiaque Tibulle, mort vers -19, à l'âge de 35 ans environ, avait sa maison de campagne près de Tibur, non loin de celle d'Horace. Il avait sans doute porté sur les Satires un jugement favorable. Dans ce petit billet, Horace l'engage à secouer sa tristesse et à jouir de l'heure présente. Il l'invite à venir le voir. Date incertaine.
(...)
Références
↑ Texte latin HORATIUS.NET
↑ Trad. allemande
Briefe (übersetzt von J.
H. Voß, 1806 )
↑ Encyclopédie_universelle.fr-academic Horace
<> 27/03/2025