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vendredi 27 octobre 2023

Femmes de Constantinople (2) - Baudier

Mœurs orientales

Michel Baudier, Histoire du Sérail, 1624.

Il est dangereux de servir aux passions de telles Amantes, dont la récompense et le loyer d´un pénible amour est une dague, ou un verre de poison.- Baudier (1)

Messagères d´amour

Ceux qui en sont avertis à Constantinople, évitent ce péril, et payent d'un refus la peine de celles qui leur en parle, non sans danger pourtant, car telles Ambassadrices aussi bien que les grandes qui les emploient, sont sorcières, et vengent le déni sur les personnes de ceux qui le leur font, ainsi qu'il arriva ces dernières années à un Gentilhomme François qui était à Constantinople, du temps que le Sieur Baron de Sancy y servait le Roy en son Ambassade :

Ce Gentilhomme allant au Divan, qui est l'Audience publique au Sérail, fait rencontre d'une femme, dont l’âge, les habits, et le discours montrait assez qu'elle faisait plaisir aux Dames Turques. Elle l'aborde, et lui dit en mêmes paroles : « Aurais-tu bien le courage de voir une belle Dame qui a de l'amour pour toi ? »  Celui-ci qui savait de quels myrtes [1] telles Dames ont accoutumé de couronner les Amants qui les ont servies, s'excuse pour l'heure, allègue l'affaire importante qui le menait au Sérail, mais promet au retour de contenter ses désirs, et la prie de l'attendre au passage. Il va tandis au Sérail, y poursuit son négoce, et l'ayant fini retourne à son logis par un autre chemin, et laisse la femme dans les impatiences d'une trompeuse attente : elle se voit enfin déçue par ce François : et pour venger cet affront, a recours à ses sortilèges, et les emploie contre lui. Ils font leur effet, et le Français se trouve tout à coup saisi d'une espèce de paralysie ; la maladie le couche au lit, où il n'a pour tout entretien que de grandes et sensibles douleurs. Les Médecins sont appelés à son secours, leur science ignore la cause de son mal, et n'y trouve point de remède : quelques jours se passent en ces extrémités, après lesquels une vieille Turque s'offre de guérir le malade : elle le visite, et l'ayant envisagé, lui dit en son patois :

« Je vous guérirai bientôt, mais dites la vérité. N'avez- vous pas refusé quelque Dame qui vous priait d'amour ? » Par ces [sic] charmes elle repoussa ceux qui le tourmentaient, et le remit en santé, après le retour de laquelle cet homme allant par Constantinople rencontra une femme qui lui dit tout bas : « Souvenez- vous une autre fois de n'abuser plus de la courtoisie des femmes qui vous chérissent, et ne les trompez plus par vos vaines promesses. »

↑1- Chez les anciens le myrte était consacré à Vénus (Ac.). Les feuilles du myrte symbolisaient pour les Anciens l'amour et la gloire.

Harem lesbien

Or toutes les femmes de la Turquie, et particulièrement celles de Constantinople n'arrêtent pas leurs affections aux hommes seulement, elles deviennent passionnément amoureuses les unes des autres, et s'adonnent entr'elles à de fausses et illégitimes amours, principalement les femmes des Seigneurs de qualité qui demeurent enfermées en des Sérails sous la garde des Eunuques .

Ce vicieux appétit les dominent si tyranniquement, qu'il étouffe en elles le désir d'un naturel amour, et leur fait souvent avoir leur mari à contrecœur. Ce désordre peut venir de ce que leur affection manquant de prise légitime, s'attache à un objet étranger, et la vengeance des amours dénaturés  de leur mari les y porte : car la plupart des hommes du Levant, et les plus Grands sont perdus à cette sale, et brutale lasciveté .

Tant y a que [2] ces Dames s'aiment très-ardemment les unes les autres, et viennent  même aux effets de leurs folles amours, s'embrassent nues, s'agitent, et font les autres actions que l'amour recherche, et que la pudeur défend d'écrire. Celles qu'un si étrange amour rend esclave des autres, les vont trouver dans le bain pour les voir nues, et s'entretenant sur le sujet dont elles languissent, se font de pareils discours en leur langue :

On a bien eu raison de dire que le Soleil se plongeait dans les ondes, puis que vous êtes dans cette eau : elle qui doit de fa nature éteindre les flammes allume mes feux quand vous y êtes. Hélas ! serait- il bien possible que vous reçussiez à la jouissance d'une si grande beauté qui vous décore, d´autres personnes que celles de votre sexe, qui font d'autres vous-mêmes ? Fuyez les embrassements des hommes qui nous méprisent, et n'ont de l'amour que pour leurs semblables, et prenez de vous- même avec nous les contentements qu'ils ne méritent pas.

Après qu'une folle Amante a fait de pareils discours , elle descend dans le bain , et va brûler d'une flamme , qu'elle est incapable d'éteindre, embrasse son amante, la baise et fait avec elle, quoiqu'en vain, ce qu'il faut ici taire : et ces amours de femme à femme sont si fréquents dans le Levant, que quand quelque Turc se veut marier, le principal point dont il s'informe, est si celle qu'il recherche n'est point sujette à quelque femme qu'elle aime, ou dont elle soit aimée. Ainsi vivent les peuples éloignés de la lumière de la vraie Foy, dans les ténèbres de l'ignorance Mahométane, qui les a portés aux excès de toute sorte de vices. p. 77-78.

— Michel Baudier  -  Histoire du sérail et de la cour du sultan des Turcs, 1624.

­↑1- Tant y a que , Quoi qu'il en soit

eunuque :
L'impuissance, la féminisation et l'obésité des eunuques faisaient d´eux les gardiens, efficaces et inoffensifs des harems.
Les bourgeois, devenus eunuques, s'enfonçaient dans le mensonge et la servitude. — (Francis Ambrière)

Références

­↑ Source : Michel Baudier. « Histoire générale du sérail et de la cour du grand seigneur, empereur des Turcs, où se voit l'image de la grandeur ottomane, le tableau des passions humaines et les inconstantes prospérités de la cour » 1624. Baudier  -  Histoire du sérail et de la cour du sultan des Turcs. XVIIe siècle.

↑ #INDEX Baudier

<> 28/10/2023


jeudi 26 octobre 2023

Femmes de Constantinople

Michel Baudier, Histoire du Sérail, 1624.

77  Histoire du Sérail, et de la Cour du Turc.

CHAPITRE XV.

Les ardeurs d'un climat chaleureux, la servitude des femmes enfermées, et mauvais exemple des maris lubriques, sont les principaux motifs des amours auxquels les Dames Turques s'abandonnent.

Les unes pour en avoir l'exercice libre, prennent l'occasion de voir leurs Amants, lorsqu'il leur est permis d'aller aux bains recevoir les purifications que la loi leur commande : Les autres plus qualifiées, auxquelles la commodité des eaux et étuves qui sont en leurs maisons, a ôté ce prétexte, se servent d'autres moyens. Quelquefois elles empruntent les robes de leurs esclaves, et en habit déguisé vont ailleurs trouver ceux qu'elles aiment.

Quand cette voie leur est difficile par la rencontre de quelque grand obstacle, elles emploient des hommes et des femmes qu'elles récompensent pour leur trouver des sujets qui plaisent à leurs yeux, et contentent leur passion : mais ce dernier moyen est plus apparent, et plus connu à Constantinople, car telles Messagères d'Amour se découvrant à quelques-uns qui les refusent, divulguent ainsi leur secret : elles s'adressent ordinairement à des Étrangers Chrétiens de l’Occident, et si peuvent trouver des Français, le service qu'elles rendent à leurs Maîtresses est plus agréable : La gentillesse de leur humeur, la grâce de leur corps, (disent-elles)  et les ordinaires courtoisies de leur nation les rendent plus désirables.

Mais il est dangereux de servir aux passions de telles Amantes, dont la récompense et le loyer d´un pénible amour est une dague, ou un verre de poison ; Car ces cruelles femmes, après qu'elles ont tenu trois ou quatre jours quelque jeune homme étranger caché en leurs Chambres, <et> s'en sont servi  jusques à ce qu'il est si recru et lassé de leurs lascivetés qu'il leur est <devenu> inutile, elles le poignardent, ou l'empoisonnent, et jettent son corps dans quelque privé [1] ; soit qu'elles aient crainte que leurs affections ne soient divulguées, soit que leur humeur volage demande toujours de nouveaux sujets, ou soit la nature de leur lascif amour qui est de se changer en des rages et furies tragiquement cruelles.

­ ↑1- privé 2. s. m. Lieux d'aisances ; trou à merde.

Il y a une chose pire encore que l'infamie des chaînes, c'est de ne plus en sentir le poids. — (Camus)

Dans un coin, des femmes étalaient lascivement leur gorge nue. Zola, Madeleine Férat, 1868.

Références

­Source : Michel Baudier,  « Histoire générale du sérail et de la cour du grand seigneur, empereur des Turcs, où se voit l'image de la grandeur ottomane, le tableau des passions humaines et les inconstantes prospérités de la cour », 1624. Baudier  -  Histoire du sérail et de la cour du sultan des Turcs. XVIIe siècle.

  #INDEX Baudier

<> 28/10/2023

 

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