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lundi 30 octobre 2023

manant

Manant manant n. m.
Paysan pauvre, vilain, habitant de la campagne. Autrefois, le manant était attaché à la glèbe, et dépendait du seigneur.
Homme sans éducation ni argent ; rustre, prolétaire.
* participe présent de l'ancien français manoir, demeurer, du latin manere. Le manant ne pouvait pas quitter la terre qui appartenait au seigneur. 

manant en contexte

Les manants révoltés furent pendus.


Dix contre un ! Dix manants contre un gentilhomme, c'est cinq de trop. — Alexandre Dumas, La Tour de Nesle, 1832.
Le sol que nous cultivons aujourd’hui a été défriché par des moines, serfs ou manants.
Bourgeois et manants acquittaient la taille, la capitation, les vingtièmes, les aides. — (Alfred Barbou)
Sans doute il vous a regardé, mais c’est au moment où il me demandait qui vous êtes; c’est un homme qui est manant avec tout le monde, il n’a pas voulu vous insulter. — Stendhal, ''Le rouge et le noir'', 1830.
Oui, monsieur, tout homme qui ne rend pas un coup de chapeau est un manant... à moins qu’il ne soit nu-tête — Labiche, Un monsieur qui prend la mouche, 1852.
 

 ◊ Quand ils entrèrent dans la cour, le fermier, maître Gouy, vociférait contre un garçon et la fermière sur un escabeau, serrait entre ses jambes une dinde qu’elle empâtait avec des gobes de farine. L’homme avait le front bas, le nez fin, le regard en dessous, et les épaules robustes. La femme était très blonde, avec les pommettes tachetées de son, et cet air de simplicité que l’on voit aux manants sur le vitrail des églises. — Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1881. 

◊ Ce pauvre homme est une chère créature innocente, mais enfin qui a des idées de l’autre monde. Songez que, quand il se promène dans la campagne, il écarte les paysansun air bonasse, avec sa canne, en disant : « Allez, manants ! » — Proust, Du côté de Guermantes, 1921. 

<> La France périphérique. Picardie.

◊ Je voyais sur les photos qui accompagnaient les articles, des corps qui n’apparaissent presque jamais dans l’espace public et médiatique : des corps souffrants, ravagés par le travail, par la fatigue, par la faim, par l’humiliation permanente des dominants envers les dominés, par l’exclusion sociale et géographique ; je voyais des corps fatigués, des mains fatiguées, des dos broyés, des regards épuisés.
Ils ressemblaient aux corps de ma famille, des habitants du village où j’ai vécu pendant mon enfance, de ces gens à la santé dévastée par la misère et la pauvreté, et qui justement répétaient toujours : « Nous, on ne compte pour personne, personne parle de nous. » — (Édouard Louis) 

<> Aux champs. Les paysans. Normandie, Pays de Caux. (Maupassant)

◊ Une jeune femme, qui conduisait elle-même, dit au monsieur assis à côté d'elle :
--Oh! regarde, Henri, ce tas d'enfants! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière ! elle pénétra dans la demeure des paysans.
(Les Tuvache). Ils étaient là, en train de fendre du bois pour la soupe; ils se redressèrent tout surpris, donnèrent des chaises et attendirent.
— Mes braves gens, je viens vous trouver parce que je voudrais bien...je voudrais bien emmener avec moi votre... votre petit garçon...
Les campagnards, stupéfaits et sans idée, ne répondirent pas.
(…)
Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu'ils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette entre eux deux.
M. d'Hubières recommença ses propositions, mais avec plus d'insinuations, de précautions oratoires, d'astuce. Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus; mais, quand ils apprirent qu'ils auraient cent francs par mois, ils se considérèrent, se consultant de l'œil, très ébranlés. (…)
(Les Tuvache). La bonne femme pleurait dans son assiette. Elle gémit tout en avalant des cuillerées de soupe dont elle répandait la moitié :
— Tuez-vous donc pour élever d's éfants ! — Aux Champs — Maupassant, Contes de la Bécasse, 1894. 

<> Moujiks. Peuple russe. (Custine)

◊ Un incident vint fort à propos faire diversion à l'entretien. Un bruit de voix dans la rue attira tout le monde à la fenêtre: c'était une querelle de bateliers; ces hommes paraissaient furieux; la rixe menaçait de devenir sanglante; mais l'ingénieur se montre sur le balcon, et la vue seule de son uniforme produit un coup de théâtre. La rage de ces hommes grossiers se calme, sans qu'il soit nécessaire de leur dire une parole; le courtisan le plus rompu aux faussetés de cour ne pourrait mieux dissimuler son ressentiment. Je fus émerveillé de cette politesse de manants.
— « Quel bon peuple! » s'écria la dame qui m'avait entrepris.
— Pauvres gens, pensais-je en me rasseyant, car je n'admirerai jamais les miracles de la peur; toutefois je jugeai prudent de me taire... — Volume III. — Astolphe de Custine, La Russie en 1839, 1843.
 

 <> Paysans  (La Bruyère)
◊ L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d'eau et de racines; ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé. (De l'homme) - La Bruyère, Les Caractères, 1688. 

<> Joie populaire  (Rousseau)
◊ On vendait là des pains d'épice. Un jeune homme de la compagnie s'avisa d'en acheter pour les lancer l'un après l'autre au milieu de la foule, et l'on prit tant de plaisir à voir tous ces manants se précipiter, se battre, se renverser pour en avoir, que tout le monde voulut se donner le même plaisir. Et pains d'épice de voler à droite et à gauche, et filles et garçons de courir, de s'entasser et s'estropier, cela paraissait charmant à tout le monde. Je fis comme les autres par mauvaise honte, quoiqu’en dedans je ne m'amusasse pas autant qu'eux. - Neuvième Promenade — Rousseau, Rêveries du Promeneur solitaire, 1778. 

→ ◊ De super-promotions sur le Nutella puis sur les couches Pampers dans les magasins Intermarché ont dégénéré en émeutes. Le philosophe doit s’interroger sur les causes économiques et psychologiques de cette violence typique des périodes de pénurie… chez nous. — (Thomas Schauder)
⇒ Les moutons de Panurge|Moutons - foule - bousculade - hédonisme totalitaire de la consommation.

Avenir de l´Occident ? — Une couche Pampers pleine de Nutella…

◊ Il existe pour le pauvre en ce monde deux grandes manières de crever, soit par l’indifférence absolue de vos semblables en temps de paix, ou par la passion homicide des mêmes en la guerre venue. S’ils se mettent à penser à vous, c’est à votre torture qu’ils songent. — Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.

Voir aussi

Bonnets rouges
(Histoire)Bonnets rouges (ou bleus, selon la région) désigne les révoltés fiscaux de 1675 en Bretagne. Madame de Sévigné, qui relate les insurrections et la répression les appelle des" Bonnets bleus".

(France, Vie politique, 2013) Nom sous lequel se sont fait connaître les opposants à la pression fiscale.

Gilets jaunes
(France, Vie politique, 2018) Mouvement social spontané pacifique contre l'augmentation du prix des carburants automobiles à cause de la hausse des taxes. > Populisme.
 
Références
↑Encyclopédie_universelle.fr-academic.com manant

► Céline Custine Dumas Flaubert La Bruyère Maupassant Proust Rousseau Stendhal 

<> 30/05/2024

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