On avait envie de lui pincer ses mignonnes petites fesses.
L'entourage d'Henri III — ses favoris ou mignons de couchette — a fait l'objet de vives critiques et conservé grâce à Dumas, une image scandaleuse.
Le chroniqueur Pierre de L'Estoile (1546 - 1611) décrit les accoutrements efféminés de ces jeunes gens, leurs coiffures sophistiquées, leurs occupations futiles : jouer, blasphémer, danser, se quereller, « paillarder » , et avant tout suivre le roi en tout lieu et ne parler que pour lui plaire.
Les contemporains (Protestants ou partisans de la Ligue) voient cette cour dépensière d´un mauvais œil. Brantôme en revanche signale la bravoure incontestable des Mignons, et Montaigne évoque l´ambiance de la Cour avec indulgence.
◊ « Quant à moi, je peux dire que j'ai vu ces gens de guerre, quand ils voyaient un Courtisan, ils le blâmaient à toute outrance, — Ah! disaient-ils, ce sont des mignons de cour, des mignons de couchette, des pimpants, des douillets, des frisés, des fardés, des beaux visages. Que sauraient-ils faire ? ce n'est pas leur métier que d'aller à la guerre : ils sont trop délicats, ils craignent trop les coups.
Ilz ont vu depuis le contraire. Ce sont ceux qui se sont bâttuz si bravement en combatz singuliers, et les ont mis si honorablement en usage. Ce sont esté eux qu'à la guerre sont estez les premiers aux assautz, aux battailles et aux escarmouches, et que, s'il y avoit deux coups à recevoir ou donner, ils en voulaient avoir un pour eux, et mettaient la poussière ou la fange à ces vieux capitaines qui causaient tant. » - Discours sur les couronnels de l´infanterie de France.[1] — Brantôme, Œuvres complètes, T. 6, éd. Lalanne, 1864-1882.
↑1- colonels, chefs de guerre.
◊ Guy d’Arces, plus connu sous le nom de Livarot, tua Schomberg dans ce fameux duel de trois contre trois, qui eut lieu le 27 avril 1578, entre les mignons d’Henri III et les affidés de la maison de Lorraine.
Honni soit qui mal y pense… à la Cour des Valois.
Le mignon a le privilège de dormir dans la chambre, et même dans le lit du Roi. Ainsi, Montmorency dormait parfois avec Henri II. Cet honneur n’a pourtant rien à voir avec des rapports intimes à la mode des Grecs. « La franchise avec laquelle on en parle, dans un temps qui stigmatisait le crimen nefandum (le crime indicible, la sodomie), doit éteindre tout soupçon » (Johan Huizinga)
La péniche galante.
◊ Il contribua lui-même à la mauvaise opinion qu’on
eut de lui ; on ne retrouvait plus dans ce prince qu’on avait vu élever
pour ainsi dire, dans le sein de la guerre, ce courage mâle et guerrier qu’on
avait tant admiré ; il ne montait plus à cheval ; il ne se montrait
plus à ses peuples comme faisaient ses prédécesseurs ;
On ne le voyait
qu’enfermé avec quelques favoris
dans un petit bateau peint qui se promenait sur la Saône ; il ne mangeait
plus qu’avec une balustrade qui ne permettait pas de l’approcher.
La plus grande partie du jour, il se renfermait dans son cabinet avec quelques jeunes gens qui seuls avaient l’oreille du prince, sans qu’on sût par où ils étaient parvenus à cette distinction. Le faste et la mollesse avaient pris la place de la grandeur et de la majesté qui auparavant distinguaient nos rois ; joignez à cela un malheureux penchant à la dissipation. — J. A. de Thou, Histoire Universelle, livre LVIII, édition 1734, tome VII, p. 134-135.
Mignon de couchette, Amant, jeune voluptueux. favori secret d´une dame.
- Il s'en est donc allé, le mignon de couchette ;
Je pourrai maintenant tirer de sa cachette
Le seigneur Dom Louis. — Scarron, Jodelet, ou Le maître valet, acte III, scène 8 ; 1684. - Le voilà ! Le beau fils, le mignon de couchette !
Le malheureux tison de ta flamme secrète. — Molière, Sganarelle, ou Le cocu imaginaire, scène 6, 1660. - — Le mignon de couchette. —
Je hais la guerre et les excès,
Je fuis les débats et procès,
J'aime les voluptés plus douces,
Et telle ne se vante pas
D'une andouille de douze pouces
Que je lui donne à son repas. — Les frères Gébéodé, Bibliothèque bibliophilo-facétieuse, Ballets représentés à la cour des rois de France, depuis le règne de Henri IV jusqu'à l'époque de la Fronde ; 1854.
◊ Au théâtre. — Joli monde vraiment… La femme et l'amant l'un près de l'autre au premier rang, … Puis des ménages interlopes, des filles étalant le prix de la honte, des diamants en cercles de feu rivés autour des bras et du cou comme des colliers de chien. Et ces groupes de gandins efféminés, le col ouvert, les sourcils peints, dont on admirait à Compiègne, dans les chambres d'invités, les chemises de batiste brodées et les corsets de satin blanc; ces mignons du temps d'Agrippa, s'appelant entre eux: « Mon cœur... Ma chère belle...» — A. Daudet, Le Nabab,1877.
<> 13/05/2024