Paysan pauvre, vilain, habitant de la campagne. Autrefois, le manant était attaché à la glèbe, et dépendait du seigneur.
Homme sans éducation ni argent ; rustre, prolétaire.
Dix contre un ! Dix manants contre un gentilhomme, c'est cinq de trop. — Alexandre Dumas, La Tour de Nesle, 1832.
Le sol que nous cultivons aujourd’hui a été défriché par des moines, serfs ou manants.
Bourgeois et manants acquittaient la taille, la capitation, les vingtièmes, les aides. — (Alfred Barbou)
Sans doute il vous a regardé, mais c’est au moment où il me demandait qui vous êtes; c’est un homme qui est manant avec tout le monde, il n’a pas voulu vous insulter. — Stendhal, ''Le rouge et le noir'', 1830.
Oui, monsieur, tout homme qui ne rend pas un coup de chapeau est un manant... à moins qu’il ne soit nu-tête — Labiche, Un monsieur qui prend la mouche, 1852.
Ils ressemblaient aux corps de ma famille, des habitants du village où j’ai vécu pendant mon enfance, de ces gens à la santé dévastée par la misère et la pauvreté, et qui justement répétaient toujours : « Nous, on ne compte pour personne, personne parle de nous. » — (Édouard Louis)
--Oh! regarde, Henri, ce tas d'enfants! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière ! elle pénétra dans la demeure des paysans.
(Les Tuvache). Ils étaient là, en train de fendre du bois pour la soupe; ils se redressèrent tout surpris, donnèrent des chaises et attendirent.
— Mes braves gens, je viens vous trouver parce que je voudrais bien...je voudrais bien emmener avec moi votre... votre petit garçon...
Les campagnards, stupéfaits et sans idée, ne répondirent pas.
(…)
Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu'ils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette entre eux deux.
M. d'Hubières recommença ses propositions, mais avec plus d'insinuations, de précautions oratoires, d'astuce. Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus; mais, quand ils apprirent qu'ils auraient cent francs par mois, ils se considérèrent, se consultant de l'œil, très ébranlés. (…)
(Les Tuvache). La bonne femme pleurait dans son assiette. Elle gémit tout en avalant des cuillerées de soupe dont elle répandait la moitié :
— Tuez-vous donc pour élever d's éfants ! — Aux Champs — Maupassant, Contes de la Bécasse, 1894.
— « Quel bon peuple! » s'écria la dame qui m'avait entrepris.
— Pauvres gens, pensais-je en me rasseyant, car je n'admirerai jamais les miracles de la peur; toutefois je jugeai prudent de me taire... — Volume III. — Astolphe de Custine, La Russie en 1839, 1843.
◊ L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils remuent avec une opiniâtreté invincible; ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d'eau et de racines; ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, et méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé. (De l'homme) - La Bruyère, Les Caractères, 1688.
◊ On vendait là des pains d'épice. Un jeune homme de la compagnie s'avisa d'en acheter pour les lancer l'un après l'autre au milieu de la foule, et l'on prit tant de plaisir à voir tous ces manants se précipiter, se battre, se renverser pour en avoir, que tout le monde voulut se donner le même plaisir. Et pains d'épice de voler à droite et à gauche, et filles et garçons de courir, de s'entasser et s'estropier, cela paraissait charmant à tout le monde. Je fis comme les autres par mauvaise honte, quoiqu’en dedans je ne m'amusasse pas autant qu'eux. - Neuvième Promenade — Rousseau, Rêveries du Promeneur solitaire, 1778.
⇒ Les moutons de Panurge|Moutons - foule - bousculade - hédonisme totalitaire de la consommation.
Avenir de l´Occident ? — Une couche Pampers pleine de Nutella…
◊ Il existe pour le pauvre en ce monde deux grandes manières de
crever, soit par l’indifférence absolue de vos semblables en temps de
paix, ou par la passion homicide des mêmes en la guerre venue. S’ils se
mettent à penser à vous, c’est à votre torture qu’ils songent. — Céline,
Voyage au bout de la nuit, 1932.
Voir aussi
(France, Vie politique, 2013) Nom sous lequel se sont fait connaître les opposants à la pression fiscale.