L´amour des mâles en Grèce - Limburg Brouwer
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Apollon et Hyacinthe |
L'amour des
mâles était une
réalité sociale en Grèce antique. L´affection et l´amitié profonde entre un adulte et un jeune homme n´interdisaient
pas les rapports physiques.Dans l´Iliade, Achille et Patrocle forment le couple viril idéal. L´historien et philologue hollandais LIMBURG BROUWER a publié en 1842, en français une synthèse documentée et un jugement pondéré sur l´amour mâle en Grèce.- (Qwant)
CHAPITRE X. p. 224
L'amour des mâles. Réflexions
préliminaires. — Preuves des progrès de cette passion, tirées des principaux poètes. -
Exemples d'hommes illustres qui s'y livrèrent. Exemples qui prouvent combien
cette passion était généralement répandue. — Manière dont les Grecs l'envisageaient.
Exceptions à la règle générale. Différence entre les opinions des différentes
nations grecques à cet égard. — Distinction faite par les Grecs entre une passion honnête et un amour
vénal. — Explication de ce
qu'on entendait généralement par cet amour soi-disant honnête. Preuves de la dépravation
à cet égard. — Ce qui distinguait l'amour des mâles en Grèce de cette même passion
chez d'autres nations. — La vie sociale des Grecs et le sentiment du beau qui les animait. — Effets favorables de
l'amour des mâles. — Amour platonique. Remarques nécessaires pour modifier la conclusion
qu'on croirait pouvoir en déduire. Effets funestes de l'amour des mâles.
Dans ce moment même je sens toute la difficulté qu'il y a à parler décemment d'une chose aussi indécente que l'est celle que nous abordons , et mes lecteurs auront pu s'en apercevoir , puisque jusqu'ici j'ai évité d'en prononcer le nom , ce qui toutefois n'était peut-être pas nécessaire pour leur indiquer le sujet de ce chapitre . Cependant ce sujet , quelque difficile qu'il soit pour un auteur qui craint d'offenser la délicatesse de ses lecteurs , n'en est pas moins éminemment intéressant pour quiconque aime à étudier les déviations et les erreurs de l'esprit et du cœur humain. Je tâcherai donc, autant que possible, d'éviter les écueils qui bordent ici notre route, persuadé que le désir de s'instruire rendra mes lecteurs indulgents pour des détails qui doivent trouver une excuse plausible dans le motif même qui m'a engagé à les exposer à leurs yeux.
Voilà en deux mots l'observation
qui fera le sujet de nos recherches actuelles. Je dis l'amour, car il faut bien
se garder de confondre ce sentiment avec de l'amitié, sorte d'euphémisme sous
lequel on a cru devoir cacher sa nature pour des oreilles trop chastes. C'était
bien effectivement de l'amour , c'était bien (avouons-le sans réserve) c'était
bien un sentiment basé sur des besoins physiques , un sentiment plus fort et
plus violent mille fois que celui qui rapproche l'homme des personnes de
l'autre sexe, un sentiment beaucoup plus extravagant dans son expression,
beaucoup plus terrible dans ses suites.
Nous ne déciderons donc pas si ce fut Orphée (²), ou Thamyris, ou Tallon de Crète, ou bien le roi Laïus, père d'Œdipe, qui en donna le premier l'exemple (³). Ce qui est certain c'est que dans les poèmes d'Homère on n'en trouve pas une trace. Car la manière dont quelques auteurs plus récents ont représenté l'amitié d'Achille et de Patrocle ne prouve rien contre le texte clair et précis du poète (4).
Notes
(1) De Pauw , Wijsg . Bespieg. over de Grieken, T. I. p. 137. [Corneille de Pauw, 1739-1799, Recherches philosophiques sur les Grecs, 1788]
↑* juventa, la classe d´âge des juvenes. d´où citra juventam : les moins de 17 ans.
Ce que devient le texte d´Ovide dans les traductions pudibondes :
◊◊ Trois fois, sur les pas du Soleil, les célestes Poissons avaient fermé le cercle de l’année, et nulle femme n’avait ramené à Vénus son cœur indocile, soit prudence, soit fidélité. Plusieurs cependant brûlaient de s’unir au chantre divin ; plusieurs essuyèrent la honte d’un refus. Même, à son exemple, les peuples de la Thrace apprirent à s’égarer dans des amours illégitimes, à cueillir les premières fleurs de l’adolescence, ce court printemps de la vie. — Ovide, trad. Nisard, 1869.
Plus près du texte :
Er hat die thracischen Völker gelehrt, die Liebe zarteprécède l´âge d´homme. - trad. 2024.
Notes
Preuves des progrès de cette passion, tirées des principaux poètes.
Les réflexions précédentes ont
déjà pu nous convaincre que l'amour des mâles, bien qu'il ne fût pas inconnu
aux anciens habitants de la Grèce, paraît avoir reçu ses plus grands développements
dans cette époque. Il est d'ailleurs impossible de tracer une histoire
proprement dite de ces développements et de la marche que cette dépravation a
tenue , aussi peu que de celle qui a rapport à l'amour des courtisanes.
Quelques auteurs modernes, il est vrai, prétendent que l'amour des mâles, sans
mélange de volupté, fut la suite d'une sorte d'associations armées, dont ils
croient trouver des exemples dans l'amitié de Thésée et de Pirithoüs, d' Oreste
et de Pylade ; que ces associations furent renouvelées par la suite dans
la cohorte sacrée des Thébains,
Nous avons vu plus haut ce qui donna occasion à l'association de Thésée et de Pirithoüs. Oreste et Pylade étaient amis, comme Damon et Phintias : rien de plus. D'ailleurs quelque haut que nous remontions dans cette époque, et même au-delà, comme nous l'avons vu, et quelque auteur que nous consultions, nous trouvons des traces de l'amour sensuel (10), qui n'avait pas besoin d'associations armées, pour s'élever dans le cœur des Grecs, puisqu'on le trouve chez tous les peuples anciens et parmi ceux des modernes qui habitent des régions plus exposées à des chaleurs excessives.
La suite de nos recherches prouvera, au contraire, que ce furent les traits caractéristiques des, Grecs, leur humanité et le sentiment du beau, qui amortirent les effets nuisibles de cette passion, et qui lui donnèrent un caractère entièrement particulier. C'est une bien grave erreur de faire naître des désirs sensuels d'une amitié martiale ou d'un amour pur et platonique. Cet amour purifié fut bien plutôt un effet des tentatives des législateurs et des philosophes pour modifier les mauvais effets d'une inclination qui existait depuis longtemps. Solon et Socrate nous en offriront des exemples (11).
Le sage Solon en fait mention comme d'une jouissance de la vie humaine (12), et, si nous pouvons en croire Plutarque, il n'y fut rien moins qu'insensible (¹³).
NotesNotes
M. Jacobs, dont nous aurons bientôt occasion de nous occuper encore, témoigne une véritable indignation contre ceux qui ne voient pas que tout ceci n'est qu'un amour platonique parce que c'est Pindare qui l'a écrit. Je me contente de lui demander ce que signifie ἳμερος, l'expression par laquelle ce poète désigne l'affection de Neptune. ce que signifie εὔδει [coucher], Théognis, et μηροί [cuisses] et φιλήματα [baisers], dans Sophocle.
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Ralf (49) et Étienne (34) |
Il n'est pas besoin de croire que Sophocle ait poussé l'impudence aussi loin que le veut Athénée (21), pour nous assurer qu'il ne fut pas plus réservé sur ce point que ses compatriotes (22), surtout parce que nous savons qu'il n'a pas craint de représenter l'un des malheureux fils de Niobé invoquant le secours de son amant, au moment où il voit Apollon le menacer de ses flèches mortelles (23). On disait qu'Euripide était plus enclin à aimer les femmes que les jeunes gens,
Notes
(...)
(...)
Notes
Exemples d'hommes illustres qui s'y livrèrent.
Nous avons souvent remarqué que les ouvrages des poètes nous offrent l'image de la vie actuelle. Quelquefois cependant nous avons dû nous contenter des renseignements qu'ils nous donnaient, sans pouvoir toujours les vérifier par le témoignage de l'histoire. Malheureusement ce n'est pas ce que nous avons à craindre ici. Nous avons déjà vu que quelques-uns des auteurs dont nous venons de parler joignaient l'exemple aux préceptes. Et d'ailleurs il n'y a presque pas de nom célèbre dans l'histoire dont le souvenir ne soit souillé par des accusations malheureusement trop fondées. Parmi ces noms nous ne trouvons pas seulement ceux d'Alcibiade, qui fut lui-même , dans sa jeunesse, l'objet des vœux d'une foule d'amants (39), de Lysandre (40), d'Alexandre de Phères (41), de Philippe de Macédoine (42), d'Antigonus (43), mais ceux de Thémistocle, d'Aristide (44), d'Agésilas (45), d'Épaminondas, au moins s'il nous est permis d'en croire Théopompe et Plutarque (46).
Notes
(…)
Amants slovènes: Étienne (d.) et Ralph (g.)
Notes
(…)
Exemples qui prouvent combien cette passion était généralement répandue.
Après ces exemples il ne nous paraîtra pas étonnant que ce vice se trouve aussi chez des hommes du vulgaire. Mais aussi, parce qu'on l'y trouve , et qu'on l'y trouve fréquemment , parce qu'il est évident qu'il avait infecté toute la société , nous sommes obligés de juger avec plus d'indulgence ceux qui nous paraîtraient d'ailleurs devoir être exempts d'une inclination aussi abominable.
Un soldat avait accusé Xénophon de l'avoir frappé. Xénophon lui demande entr'autres si ce fut à l'occasion d'une querelle au sujet de quelque jeune homme. Xénophon savait mieux, mais nous voyons par-là que ces sujets de dispute n'étaient guère moins connus que les autres sur lesquels il l'interroge (54). Parle t-on d'amour , c'est presqu'autant l'amour des mâles qu'on a en vue que celui que nous croyons seul digne de ce nom (55).
Notes
(…)
(55) Je ne sais si d'autres ont éprouvé ceci comme moi, mais cela m'a toujours affecté d'une manière très désagréable, lorsque dans cent endroits où il est question d'amour, on finit toujours par voir qu'on ne pense pas même à une femme. Voyez p. e., pour prendre au hasard un exemple d'une centaine qui s'offrent partout, le raisonnement de Cléarque chez Athénée. XV. 9.
À propos d'Eustathios, jeune amant grec :
« Nos
adieux furent infiniment pathétiques, avec un nombre de baisers qui eût été
suffisant pour tout un pensionnat, et des étreintes capables, en Angleterre, de
discréditer la population de tout un comté ; sans parler des larmes (pas
les miennes) et d'une foule d'expressions de tenerezza (tendresse). Tout cela, outre la canicule, m'a
complètement épuisé. » — (Byron)
Il y a, à la vérité, une grande distance de ces amours aux galanteries que Socrate disait aux jeunes gens qu'il rencontrait, et même à des liaisons comme celle entre Phèdre et Lysias, entre Agésilas et le fils de Spithrobate. Cependant le fonds était le même. C'est à peu près la même différence que nous faisons entre le libertin consommé et le jeune homme qui, par une forte passion, se laisse entraîner à des liaisons peu honnêtes, je dis à peu près, car nous jugeons bien plus sévèrement une pareille faute que les Athéniens ne jugeaient les amours avec leurs élégants.
Notes
239
Manière dont les Grecs l'envisageaient.
Cette réflexion nous conduit à la seconde partie de ce chapitre, où, après avoir établi les faits, c'est à dire après avoir démontré combien l'amour des mâles était généralement répandu, nous nous sommes proposé d'examiner la manière dont les Grecs l'envisageaient eux-mêmes.
Ce que nous venons de dire peut déjà nous convaincre que, quand même ils l'auraient désapprouvé, ils étaient cependant si accoutumés à ces désordres, qu'ils en parlaient sans rougir, et que quelques - uns avouaient au besoin eux-mêmes une semblable passion sans le moindre scrupule. Mais il faut distinguer. Il y avait sous ce rapport, comme sous tous les autres , une assez grande différence tant entre les nations de la Grèce qu'entre les individus.
Exceptions à la règle générale.
Il y avait certainement en Grèce des hommes assez sages pour désapprouver cette passion contre nature. Cependant, s'il faut en juger par ce qui nous reste de témoignages à cet égard, ils ont dû être en petit nombre. Nous possédons, il est vrai, dans les ouvrages des anciens auteurs, des raisonnements contre l'amour des mâles, comme dans le dialogue de Plutarque, intitulé Eroticus (64), et dans celui du même nom de Lucien (65) : mais ces raisonnements sont non seulement balancés par des arguments contraires, mais, chez le dernier au moins, ils sont complètement neutralisés par la défense la plus impudente de cette passion qu'on ait jamais pu imaginer (66).
Notes
(...)
Or, si cette remarque est juste à l'égard de cet auteur, on voit aisément à quel droit elle est applicable à Socrate et à Platon. Socrate blâmait la sensualité du commerce des jeunes gens et tâchait d'en détourner ses disciples ; quelquefois même les termes qu'il employait démontrent qu'il pensait plus à exprimer son aversion de ces désordres qu'à modérer ses expressions (71) ; Platon élevait au premier rang ceux qui n'aiment que l'âme des jeunes gens : mais ni Socrate ni Platon ne désapprouvaient l'amour des mâles. Socrate disait même que c'était la seule chose qu'il prétendit connaître, et , tout en condamnant les excès, il raillait souvent ses amis et ses élèves sur leurs relations avec de beaux jeunes hommes , et feignait d'être lui-même sensible à leurs attraits . Quant à Platon, nous n'avons pas besoin d'en dire davantage après l'endroit du Phèdre dont nous avons déjà parlé deux fois. Plutarque décrit d'une main de maître les efforts que fit Agésilas pour résister à la passion qui l'entraînait vers le jeune Mégabate, et, bien que la raison l'emportât, on voit ce qu'il lui en coûta (72).
Notes
(...)
Enfin les exemples de jeunes gens qui se défendaient, quelquefois même au péril de leur vie, contre les outrages dont on menaçait leur innocence (75), prouvent encore moins que l'héroïque résistance de quelques femmes à de pareilles tentatives. Il ne sera pas nécessaire d'en ajouter la raison.
En résumé , bien qu'il y eût des Grecs qui condamnassent les excès de la passion pour des personnes de leur sexe , il y avait non seulement loin de là à l'horreur que nous en avons , mais on en parlait comme d'une chose très connue et très ordinaire , et c'était souvent pour les hommes les plus rangés plutôt un objet de ridicule que de blâme.
Il y a une autre distinction à faire entre les nations de la Grèce.
Nous avons déjà parlé des Crétois. Les Lacédémoniens suivaient leur exemple, et l'on prétend que l'amour qu'ils se portaient les uns aux autres n'avait rien que d'honnête. Nous reviendrons là-dessus tout à l’heure.
243
244
Distinction faite par les Grecs entre une passion honnête et un amour vénal.
L'observation de Pausanias, ou , pour parler plus exactement , de Platon , nous mène à une troisième distinction qu'on faisait à Athènes, comme dans tous les pays où l'on ne poussait pas l'impudence aussi loin qu'en Béotie et en Élide. Nous ne pouvons mieux signaler la distinction dont nous voulons parler qu'en faisant observer que , tandis que Solon paraît avoir permis l'amour des mâles, puisqu'il ne le défendit qu'aux esclaves (81), les lois ne défendaient pas seulement sous les peines les plus sévères de faire aucune violence à un jeune homme, et aux jeunes gens eux-mêmes de se prostituer, mais qu'elles surveillaient aussi avec le plus grand soin l'ordre dans les écoles publiques, en ordonnant qu'on ne les ouvrit point avant le lever, et qu'on ne les fermât pas avant le coucher du soleil, qu'on n'y laissât entrer aucune personne adulte,
245
Explication de ce qu'on entendait généralement par cet
amour soi-disant honnête. Preuves de la dépravation à cet égard.
Si l'on me demande toutefois si ceux qui avoient une opinion si favorable du commerce avec les jeunes Athéniens, ne pensaient qu'à un amour platonique, comme l'a fait certainement Solon, au moins lorsqu'il rédigeait la loi dont nous venons de parler, je crois que je puis me contenter de répondre par la table des auteurs tant d'Athènes que d'autres villes de la Grèce, qui se sont occupés à l'envi de l'amour des mâles, et dans des termes qui nous laissent peu d'espoir de n'y trouver qu'un amour pur et platonique, et mieux encore par les noms des hommes illustres qui se livrèrent à cette passion, déjà cités dans le commencement de ce chapitre.
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Mais , en outre , il est bien
certain que les Athéniens et les Grecs en général chérissaient plus la beauté
de leurs jeunes compatriotes, qu'ils ne détestaient la vénalité de quelques-uns
parmi eux, qui même ne paraissent pas avoir été si rares qu'il faudrait
l'espérer pour la cause des bonnes mœurs, puisque, dans le passage même d'Aristophane
que nous venons de citer, on en parle comme d'une classe de personnes très connue,
et que la manière dont Eschine s’explique, dans son discours contre Timarque,
ne nous permet pas de douter que de son temps la corruption ne fût venue à
Athènes au point qu'on y vit des maisons de débauche où des jeunes gens s'offraient
aux premiers venus, comme le faisaient ailleurs les courtisanes esclaves (85),
pour ne pas parler de ceux qui allaient sans honte passer la nuit dans une
maison étrangère, ou même s'y établir comme compagnon inséparable du propriétaire,
excès dont nous avons déjà donné des exemples. Mais nous n'avons qu'à citer un
seul passage de ce même discours, pour démontrer toute la dépravation des Athéniens,
pour dévoiler toute la honte de cette cité d'ailleurs si justement célèbre. Ces
vils rebuts de leur sexe et du genre humain dont nous venons de parler n'étaient
pas seulement tolérés à Athènes, on ne souffrait pas seulement qu'ils y
exerçassent leur métier, mais le gouvernement sanctionnait en quelque sorte
leur déshonneur et celui de la ville entière, en prélevant sur eux une contribution,
dont il affermait annuellement le produit, exploitant ainsi à son profit le désordre
le plus infâme et le plus honteux avilissement auquel l'humanité ait jamais été
réduite (86).
(85) Eschine c. Timarch . (Oratt . Att. T. III. p. 274. Ὁρᾶτε τουτουσὶ τοὺς ἐπὶ τῶν οἰκημάτων καθημένους, τοὺς ὁμολογουμένως τὴν πρᾶξιν πράττοντας. Tel fut, suivant Suidas (Άγαθοκλής), dans sa jeunesse, le célèbre Agathocle, tyran de Syracuse.
↑Contre Timarque [74] Il y a des hommes qui tiennent maison de débauche : vous les voyez, assis devant leur porte, parlant tout haut des bénéfices du métier. Un libertin se présente : le maître du logis se lève, entre avec lui ; et, par un reste de pudeur, il se cache, il ferme la porte. Je suppose que, dans ce moment, un passant dise à l'un de vous : Que fait maintenant cet homme? Vous, qui l'avez vu entrer, croyez-vous nécessaire de pénétrer dans le logis, pour répondre? Non, sans doute : la connaissance de ses habitudes et de sa profession impudique vous en apprend assez, et vous pouvez très sciemment satisfaire le curieux. — (Remacle)
(86) Le passage remarquable, dont les termes sont très clairs et très précis, se trouve Eschine. c. Timarch . Oratt. Att. T. III . p.289 in . "Οτι καθ᾽ ἕκαστον ἐνιαυτὸν ἡ βαλὴ πωλεῖ τὸ πορνικὸν τέλος καὶ τὰς πριαμένος τὸ τέλος τῦτο ἐκ εἰκάζειν ἀλλ᾽ ἀκριβῶς εἰδέναι τὰς ταύτῃ χρωμένες τῇ ἐργασίᾳ. Il faut aussi lire ce qui suit. On y verra qu'il y avait à cette douane des préposés qui recevaient la contribution.
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Après un témoignage aussi remarquable, on croira facilement que les amours entre les hommes libres et de bonne condition, quand même elles ne seraient pas tout-à-fait platoniques, n'ont pas dû paraître aussi choquantes aux honnêtes citoyens d'Athènes qu'on pourrait le croire, par la comparaison qu'ils faisaient entre leurs mœurs et celles des Thébains, et qui d'abord paraîtrait tout-à-fait à leur avantage. Le fait est que l'amour des mâles était généralement répandu par la Grèce, et qu'il n'y était pas moins avoué que l'inclination naturelle qui nous porte vers l'autre sexe, et même par quelques-uns préféré à celle-ci.
Xénophon avoue lui-même que les
autres Grecs ne voulaient pas croire que les Spartiates se bornassent à une
simple amitié, et il ajoute que dans la plupart des états grecs aucune loi ne
défendait de se livrer aux excès de l'amour des mâles (87). Athénée
assure que les pièces de théâtre où il était question de cet amour faisaient
les délices du public (88).
248- 275
(...)
Glossaire
* Jeter dans la débauche, dans le vice. Débaucher une fille, un page, un postier, un petit pâtissier.
Les mauvaises compagnies ont débauché son fils. C’est la fainéantise qui a débauché Gaston. Les amis de Monsieur ont débauché le jeune Vermandois (fils de Louis XIV).
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