lundi 6 novembre 2023

Le Masque de fer (Gleichen)

Le Masque de fer (Gleichen)

Ami de longue date de Choiseul, le Baron sait que seul le Roi connaît le nom de l´ancien prisonnier de la Bastille. Pour combler l´attente du lecteur, Gleichen livre alors une hypothèse plausible, sous la forme d´une anecdote non sourcée mais séduisante.

◊ J'ai trouvé, il y a longtemps, dans un vieux livre, dont j'ai malheureusement oublié le titre, une anecdote applicable au Masque de fer; je me souviens seulement que c'était des Mémoires d'un officier général, qui se disait «confident intime de la reine Anne d'Autriche.» Il raconte, qu'étant arrivé de Paris à Lyon, où Louis XIII se trouvait à l'occasion de la guerre de Savoie, le roi lui avait demandé, quelles nouvelles il apportait. Ayant répondu qu'on disait la reine grosse, ce monarque, après avoir rêvé un moment, s'était écrié en frappant du pied : Cela n'est pas possible !

Essayons de bâtir une hypothèse sur cette anecdote. Supposons que la reine, enceinte du cardinal, ait chargé son confident de sonder le terrain, pour s'assurer si le roi aurait bonne mémoire et se donnerait la peine de calculer ; que cette princesse, apprenant les marques de défiance et d'emportement de son mari, redoutable pour sa cruauté, ait craint de publier sa grossesse, qu'elle soit accouchée secrètement, et qu'après la mort de Louis XIII, elle et le cardinal, restés maîtres absolus en France, aient cédé au désir de mettre leur enfant sur le trône, et de l'échanger contre le fils légitime du roi ; et que la tendresse maternelle ait sauvé de la mort, et condamné son autre fils à porter ce masque de fer, lorsqu'on s'est aperçu de sa grande ressemblance avec son frère. Cette hypothèse pourrait cadrer avec le propos essentiellement important de Louis XV à madame de Pompadour, car ce monarque se serait également déclaré par-là illégitime successeur de ses aïeux. — Baron de Gleichen, Souvenirs, éd. 1868. [1]

Commentaire :
Dans cette version du mystère, le prisonnier masqué serait donc le demi-frère du Roi.
 La Reine ne pouvant pas être accusée d´adultère, il fallait faire disparaître le premier-né, pour préserver la légitimité de Louis Dieudonné (Louis XIV) et de ses descendants.

Dans une autre version ancienne du mystère, Mazarin aurait épousé secrètement la Régente. Les seuls témoins seraient le prêtre et une femme de chambre.
Pour Saint-Mihiel (1731-18..), le Masque de fer est le demi-frère, - frère utérin de Louis XIV, né en 1644, fils légitime d´Anne d´Autriche et de Mazarin. [2]

­"Les souverains aimeront mieux supposer, ou avouer un crime commis par leurs aïeux, dont la honte reste attachée à ceux qui en sont les auteurs, qu´une action dont le deshonneur coule sur les descendants. "— Saint Mihiel, op. cit. p. 187.

Notes

↑1- Source: Charles-Henri de Gleichen, Souvenirs de Charles-Henri Baron de Gleichen, éd. Grimblot, 1868.
2- Jean-Baptiste Stanislas de Saint-Mihiel, Le Véritable homme dit au Masque de fer, 1791.

 <> 09/11/2023

Wikipédia bouche les trous du  Malconnu.

 

 

Culte du corps



Commerce et culte du corps 

La culture physique comme fin en soi est une préoccupation récente.

La recherche d´une beauté sculpturale, — peau jeune et plastique agréable,  correspond à un imaginaire personnalisé, détaché des rites collectifs (militaires), qui autrefois s´imposaient. L´occidental seul et vain construit avec soin face au miroir, l´image de soi qui séduira le public anonyme des vidéos.

Nouvelle religion pour une société sans transcendance. [1]

La beauté physique a pris le pas sur l´ambition sociale, le service des autres, l´argent et la gourmandise. La vaine poursuite de l´apparence s´explique, selon Bourdieu, par l´échec scolaire et l´oppression du prolétariat par le gros capital.

Souffrir pour être beau, plutôt qu´aimer

De fait, l´austère vertu et les valeurs patriarcales trouvent un ersatz gratifiant dans la Salle de sport ; et le culte cosmético-musculaire trouve sa juste récompense dans les émissions-salons du 20 heures. Dans les fictions sirupeuses de la Téléréalité aussi, les candidats exhibent leur fraîcheur, les candidates leur incarnat, — pour la joie des obèses.

◊ Héroïsées, divinisées, les stars sont plus qu'objet d'admiration, elles sont aussi sujet de culte. Un embryon de religion se constitue autour d'elles.— (Edgar Morin)

Plaire plutôt que vaincre, telle est la devise de notre société.

CULTE n. m. (lat. cultus ; de colere, honorer). Hommage qu'on rend à Dieu. Ensemble des cérémonies par lesquelles l'homme honore Dieu : culte divin. Religion : culte catholique, protestant. Fig. Vénération.
IDOLÂTRIE  n. f. Adoration des idoles. (V. polythéisme, paganisme.) Fig. Amour excessif, dévotion païenne.

Sculpturisme – bogorexie
L´excès de sport pour embellir s´appelle bogorexie ou syndrome du bogos (beau gosse). Le culturiste ne pense plus alors qu´à ça : gonfler sa masse musculaire, dégraisser, façonner son apparence physique, sculpter son corps comme une œuvre d´art.
Beaucoup de
célébrités avouent avoir échappé à cette triste maladie, comme Depardieu (Voir sa confession dans Gala), ou Helmut Berger parce qu´elles étaient déjà canon.

DDS 2007- Yann MORAND-BRUYARD
La Charente libérée.

Narcisse, nouvelle figure du capitalisme
◊ Le sport devient une industrie du divertissement ; il perd son ancrage local, ses envolées mythiques, ses héros légendaires : les conventions de l’honneur sportif ont disparu pour faire place à des jeux du cirque entrecoupés de mantras publicitaires. — (Pierre Ansay)

On pourrait dire la même chose de la littérature médiatisée. Le nouveau roman se vend comme un lave-vaisselle.

◊ La beauté de la taille, est la seule beauté des hommes. Où est la petitesse, … ni la juste proportion de tête, ni la fraîcheur du teint, ni l'air du visage agréable, ni un corps sans senteur, ni la juste proportion de membres, peuvent faire un bel homme. — (Montaigne, De la Présomption)

Tolérance luthérienne vis-à-vis du corps
Les femmes de Dresde réclament torse nu sur un vélo, le droit de parcourir l´espace public comme les hommes. sans chemise. Elles font plusieurs fois le tour de la fameuse ´Frauenkirche´ (Notre-Dame de Dresde) pour affirmer leur liberté.
Elles veulent, comme les hommes pouvoir se balader la poitrine à l´air en ville. Consultés par la Police municipale (Ordnungsamt), les pasteurs n´y voient pas d´inconvénient, les touristes non plus.

Le combat des femmes pour l´égalité du nu aboutit. Les piscines autorisent de plus en plus les seins nus en Allemagne.

Ill. : DDS 2007-Yann MORAND-BRUYARD

Références

­↑ 1- transcendance, Existence des fins du sujet en dehors du sujet lui-même.
↑ Encyclopédie_universelle.fr-academic  
culte   idole féminisation impuissance individualisme égoïsme consumérisme hédonisme esclavage 

↑➧ Montaigne

<> 11/11/2023

Wikipédia bouche les trous de  Inconnu.

 

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Les Lunettes - Conte (La Fontaine)

Une situation embarrassante.

◇ La Bonne soeur transgenre. (La Fontaine)
Mal dans sa masculinité, un jouvenceau embrasse la règle des nonnes, et devient lesbienne. Tout se passe bien, jusqu´au jour où un accouchement miraculeux sème le trouble dans la pieuse communauté.
Sceptique et colère, la mère supérieure procède à une inspection collective de son personnel.

Qui fut bien pris, ce fut la feinte ouaille.
Plus son esprit à songer se travaille,
Moins il espère échapper d’un tel pas.
Nécessité, mère de stratagème
Lui fit… « eh bien ? » lui fit en ce moment
Lier… : « eh quoi ? » (…)
Il est facile à présent qu’on devine
Ce que lia notre jeune imprudent ;
C’est ce surplus, ce reste de machine,
Bout de lacet aux hommes excédant.
D’un brin de fil il l’attacha de sorte
Que tout semblait aussi plat qu’aux nonnains.
Pour ne juger du cas légèrement.
Tout à l’entour sont debout vingt nonnettes,
En un habit que vraisemblablement
N’avaient pas fait les tailleurs du couvent.
Figurez-vous la question qu’au sire
On donna lors ; besoin n’est de le dire.
Touffes de lis, proportion du corps,
Secrets appas, embonpoint, et peau fine,
Fermes tétons, et semblables ressorts
Eurent bientôt fait jouer la machine.
Elle échappa, rompit le fil d’un coup,
Comme un coursier qui romprait son licou,
Et sauta droit au nez de la prieure,
Faisant voler lunettes tout à l’heure
Jusqu’au plancher. II s’en fallut bien peu
Que l’on ne vît tomber la lunetière. " (Les Lunettes) — La Fontaine, Contes, 1665.

<> 06/11/2023

dimanche 5 novembre 2023

Humaniste

humaniste m et f. identiques

1- Érudit, Philosophe, Savant en latin et en grec. Écrivain qui étudie les hommes et leurs mœurs en laïc, laissant de côté la théologie, et dans le sillage des moralistes anciens.

◊  Un curieux homme ce précepteur que Mgr Dupanloup avait particulièrement recommandé en disant de lui : « C’est un bon humaniste ! » Il possédait, en effet, le latin, savait assez bien le grec, connaissait la littérature française, avait un vif sentiment de l’art… — Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942.

◊ Il se voit plus souvent cette faute, que les Théologiens écrivent trop humainement, que cette autre, que les humanistes écrivent trop peu théologalement : La Philosophie, dit Saint Chrysostome, est piéça bannie de l'école sainte, comme servante inutile, et estimée indigne de voir seulement en passant de l'entrée, le sacraire des saints Trésors de la doctrine céleste. [1] (…)
Je propose les fantaisies humaines et miennes, simplement comme humaines fantaisies, et séparément considérées : non comme arrêtées et réglées par l'ordonnance céleste, incapable de doute et d'altercation. Matière d'opinion, non matière de foi. Ce que je dis cours selon moi, non ce que je crois selon Dieu, d'une façon laïque, non cléricale : mais toujours très religieuse. — I, 56 - Des prières — Montaigne, Essais, 1595.

­↑ piéça, depuis longtemps ; sacraire, sanctuaire.
­↑ 1- Jean Chrysostome, Homélies sur la première Epître aux Corinthiens, I, 3 (fin).

2- Penseur qui fait confiance à la nature humaine.

Humaniste, vous mettez l’homme au centre du monde, avec sa sagesse naturelle, son instinct du bonheur terrestre, son salutaire égoïsme ; chrétien, vous devez y mettre le Christ, c’est-à-dire la déraison de la Croix, le goût de la souffrance, la destruction du moi par la soif maladive de l’absolu et de l’éternel. — Pierre-Henri Simon, Les Raisins verts, 1950.

◊ « Il y a un but, monsieur, il y a un but… il y a les hommes. »

C’est juste : j’oubliais qu’il est humaniste. « Il y a les hommes… » il vient de se peindre tout entier, ce tendre. J’ai fréquenté autrefois des humanistes parisiens, cent fois je les ai entendus dire « il y a les hommes », et c’était autre chose! Virgan était inégalable. Il ôtait ses lunettes, puis il murmurait, mélodieusement : « Il y a les hommes, mon vieux, il y a les hommes », en donnant au « Il y a » une sorte de puissance gauche, comme si son amour des hommes, perpétuellement neuf et étonné, s’embarrassait dans ses ailes géantes.

      Les mimiques de l’Autodidacte n’ont pas acquis ce velouté ; son amour des hommes est naïf et barbare : un humaniste de province. — Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938.

humaniste Relatif à l’humanisme.

      Au XVIIème siècle, le discours humaniste n’a rien à voir avec celui de la IIIe République ou les récents débats. — Henri Gaston Gouhier, Henri Gouhier se souvient… ou comment on devient historien des idées, 2005.

      A-t-on pensé aussi que dès que l’on abandonne la notion de liberté, on accède immédiatement, sans effort, sans tromperie langagière, sans exhortations humanistes, sans transcendance, à la notion toute simple de tolérance ? — Henri Laborit, Éloge de la fuite, 1976.

L'humaniste de gauche n'est d'aucun parti, parce qu'il ne veut pas trahir l'humain mais ses sympathies vont aux humbles. — (Sartre)

Références

Encyclopédie_universelle fr-academic humaniste

Montaigne Sartre

<> 06/11/2023

Charabia savant

  Le fatras psi prospère sur la crédulité, et favorise l´obscurantisme. Bide, bidon, Discours entortillé cachant le creux du rien ; mais qui...